La tournée du Père Noël se poursuit. Nul doute que de nombreux “cadeaux” seront distribués. Le président Bouteflika entame, à partir d'aujourd'hui, une visite de deux jours dans la wilaya de Mascara. Au programme de son périple, des projets qui ne méritent pas le déplacement du chef de l'Etat lui-même. Il s'agira, en effet, de l'inauguration d'une ferme pilote à Sig, de la visite d'une trémie à Mohammadia, l'inauguration du Palais des congrès, l'inspection d'une gare routière à Mascara et l'inauguration d'un projet de logements sociaux participatifs et la visite de l'ancien quartier général de l'Emir Abdelkader. Tout comme il sera question de l'inspection d‘un projet relatif à un nouveau système de traitement des eaux usées et l'inauguration d‘un stade à Tighenif. En somme, une visite d'inspection généralement dévolue à un ministre. Quel est l'objectif donc du déplacement du chef de l'Etat à Mascara ? Selon des sources proches de l'exécutif de la wilaya, le but principal de la visite présidentielle est “de récompenser ses soutiens à Mascara en leur allouant une enveloppe budgétaire importante”. Il s'agira, ajoutent nos sources, pour le Président de “donner tous les moyens financiers à ses partisans pour qu'ils demeurent mobilisés à ses côtés”. Manifestement, Bouteflika a trouvé l'astuce idoine pour faire sa campagne électorale : sillonner le pays en distribuant de faramineuses enveloppes financières. Ce fut le cas à Constantine, Sétif et Djelfa. Demain, ce sera autour de Mascara et Saïda, en attendant les autres villes. C'est dans ce même ordre d'idée que les comités de soutien au programme du président de la République ont lancé, hier, un appel à la population mascaréenne pour “accueillir chaleureusement le président Bouteflika”. Les comités de soutien ont utilisé, dans l'objectif de mobiliser la population de Mascara, des arguments assez loufoques : “C'est grâce à Dieu, en premier lieu, et à Bouteflika en deuxième lieu que Mascara a bénéficié de tant de projets et d'importants budgets”. Aussi et pour mieux ancrer cette idée dans la tête des Mascaréens, des affiches reprenant les mêmes propos “grâce à dieu et à Bouteflika…” ont été placardées partout dans la ville. Ces pratiques d'un autre âge chez les partisans du Président traduisent, en fait, une grande panique chez ces derniers. Cette panique résulte, selon des sources locales, de l'émergence de comités de soutien en faveur de la candidature de Ali Benflis pour 2004 dans cette wilaya censée acquise au président Bouteflika. Toutefois, ces appels du pied n'ont visiblement pas eu l'écho escompté dans la mesure où la visite de Bouteflika n'est précédée d'aucune effervescence particulière. Des habitants de Mascara se disent convaincus que la présidence veut les mobiliser juste le temps de cette visite et assurer ainsi une liesse populaire à Bouteflika. “On ne veut pas de cette mascarade, nous, on réclame nos droits”, s'écrie un jeune du quartier Mekid-Djilali, à Bouhanifia où au chômage s'ajoutent le manque de structures hospitalières, le mauvais état des routes et surtout la rareté de projets agricoles soutenus par l'Etat. Un comble pour une région à vocation agricole. Même état d'esprit à la cité Megber où la situation est aggravée par une pénurie d'eau qui n'a pas coulé depuis 15 jours. “Moi, je m'en fous de l'inauguration d'une trémie, je veux qu'on nous donne de l'eau”, lance, excédé, un habitant de cette cité. À la cité du Hoggar, au centre-ville, les citoyens tournent le dos à la visite présidentielle car ils ne se font pas d'illusions sur ses retombées. “L'enveloppe qui sera dégagée par le Président ira, à coup sûr, à ses comités de soutien, pas à la population”, affirme, désespéré, l'un d'eux. N. M.