Comme il l'avait annonçé auparavant, le Président français s'implique dans la crise du Proche-Orient en proposant à ses différents acteurs de participer à la conférence qu'il envisage d'organiser prochainement à Paris. Voulant apparemment tirer profit de l'impasse dans laquelle se trouvent les Américains, qui voient leurs efforts de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient réduits à néant par l'entêtement de Netanyahu à refuser de geler la colonisation, Nicolas Sarkozy tente de s'y impliquer. Selon le quotidien israélien Haaretz, le président français a proposé la semaine dernière au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de participer à une Conférence internationale de paix organisée à Paris et réunissant les principaux acteurs au Proche-Orient. Il a donc invité M. Netanyahu à relancer le processus de paix au Proche-Orient en rencontrant les présidents syrien et palestinien, Bachar al-Assad et Mahmoud Abbas, dans le cadre d'une Conférence internationale organisée à Paris sous son égide. Quant à la conférence en question, elle réunirait aussi le roi de Jordanie, Abdallah II, le président égyptien Hosni Moubarak, le président libanais Michel Sleimane, ainsi que des représentants du Quartette (USA, UE, Russie, ONU). Dans cette optique Nicolas Sarkozy a appelé jeudi dernier au téléphone Mahmoud Abbas pour lui faire part de cette proposition, et en a également parlé avec Al-Assad durant la visite de ce dernier vendredi à Paris. Ni Netanyahu ni M. Abbas n'ont rejeté la proposition française, selon la même source. Israël serait emballé par cette initiative si l'on en juge par les déclarations d'un responsable gouvernemental israélien, qui a affirmé sous couvert de l'anonymat, qu' “Israël se félicite par avance de toute possibilité de rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les présidents syrien et palestinien”. Ceci étant, l'Elysée délèguera dès demain son chef de la diplomatie française. Bernard Kouchner se rend en Cisjordanie et en Israël pour encourager Mahmoud Abbas à rester président de l'Autorité palestinienne et les dirigeants israéliens à retrouver le chemin de la paix. Cette visite intervient sur fond de pessimisme quant à une relance du processus de paix. Elle se situe dans un contexte d'accélération de contacts de la France avec les acteurs de la région. “Il faut reparler avec Mahmoud Abbas, et que d'abord le président palestinien ne démissionne pas”, a souligné Bernard Kouchner. L'objectif de ce dernier est de convaincre Mahmoud Abbas de revenir sur sa décision de ne pas postuler à un nouveau mandat à la tête de l'Autorité palestinienne. Cette initiative française risque d'être un coup d'épée dans l'eau car Paris n'a pas de solution miracle. En effet, sans progrès sur le fond, il est difficile de voir l'intérêt d'une telle réunion maintenant. Bernard Kouchner rencontrera aussi le président Shimon Peres, son homologue Avigdor Lieberman, le ministre de la Défense Ehud Barak et la chef de l'opposition Tzipi Livni. Paris, qui continue de réclamer le gel de la colonisation israélienne, a un “vrai différend politique” à ce sujet avec le gouvernement israélien, reconnaît le ministre français. Sa remarque sur la disparition d'une “aspiration à la paix” du peuple israélien avait suscité l'agacement des Israéliens, pour qui, si disparition il y a, elle est due à la violence palestinienne.