La sécurité est assurée en Mauritanie, c'est ce que tente de démontrer Nouakchott, dont l'état-major de l'armée vient de communiquer pour la première fois sur ses méthodes de lutte anti-terroriste, en organisant pour la presse internationales des visites guidées dans l'Adrar, la région la plus touristique du pays et probablement un futur champ d'extraction pétrolier, mais aussi un point d'infiltration des terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), venus du Mali. Depuis quatre ans, l'AQMI, ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), a multiplié les attaques en Mauritanie, en particulier au nord-est du pays. Le 4 juin 2005, la Mauritanie découvre avec stupeur qu'elle n'est pas épargnée par le terrorisme : pour la première fois, son armée est directement visée. 150 terroristes attaquent une caserne militaire dans la région de Lemgheity. Bilan : 21 morts. Les Etats-Unis comptaient sur la Mauritanie pour faire barrage à la progression du terrorisme dans le Sahel saharien. Aussi, deux jours à peine après ce premier attentat, les Américains lancent l'opération “Flintlock” (Mousquet), des manœuvres planifiées dans le cadre du programme Africom, installer une base américaine dans la région au motif d'aider les pays d'Afrique à lutter contre le terrorisme. Depuis 2002 déjà, les Etats-Unis finançaient un programme baptisé PSI (Pan Sahel Initiative) visant à renforcer la sécurité des frontières mauritaniennes, mais aussi du Mali, du Niger, et du Tchad. Le 27 décembre 2007, les terroristes frappent une deuxième fois. Trois soldats mauritaniens sont tués dans la région de Ghalaouiya, le 1er février 2008, c'est l'ambassade israélienne à Nouakchott qui est visée pour la première fois depuis l‘établissement de relations diplomatiques entre la Mauritanie et l'Etat hébreu, en 1999, des relations rompues fin 2008 sur ordre du général putschiste Mohammed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis l‘été à Nouakchott, pour protester contre l'offensive militaire israélienne à Gaza. Le 16 septembre 2008, un bataillon militaire mauritanien est pris en embuscade par un groupe terroriste dans la région de Tourine, 12 soldats sont retrouvés décapités. Les services secrets français très présents dans le pays disent y avoir repéré de nombreuses cellules dormantes et entonnent l'avertissement de leurs homologues américains sur un nouvel Afghanistan dans le Sahel. La coopération militaire franco-mauritanienne se renforce. Après le coup d'Etat d'août 2008, les Américains ont suspendu leur coopération militaire avec l'armée mauritanienne mais Paris, ancienne puissance coloniale, a dépêché son chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, auprès de l'homme fort de Nouakchott. Sarkozy soutient les putschistes et au nom de la lutte contre le terrorisme, avalise le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Alors pour reprendre le contrôle du désert, le gouvernement mauritanien crée, certainement avec la coopération de Paris, le GSI (Groupement spécial d'intervention), des unités mobiles de type sahariennes. Avec des pick-up équipés de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes, les soldats assurent quadriller une zone de 550 km de long sur 220 km de large, entre la ville d'Ouadane et la frontière malienne. Les soldats suivent d'ailleurs une formation spécifique d'autonomie et de résistance, pour pouvoir endurer l'extrême rudesse de ces zones désertiques. Les chauffeurs apprennent également à maîtriser la conduite dans les dunes. Le point fort de ces unités, c'est donc avant tout la connaissance du terrain. Pas besoin de GPS pour ces soldats, capables de naviguer à vue. Depuis que la zone est pacifiée, toutes les activités illégales ont connu un freinage complet, jurent les officiers du GSI. Deux couloirs d'infiltration sont particulièrement surveillés : au nord par Ouadane, au sud par El Mreyyé. Le long de ces axes, le GSI traque les terroristes, mais aussi les trafics en tous genres : drogue, armes, carburant et même immigrés clandestins. Le GSI a surtout adopté une stratégie de proximité avec les nomades pour la fourniture de renseignements sur les mouvements dans la région. Un programme de soutien a été mis en place à leur intention, tel l'accès à l'eau, des soins médicaux, achat de leur bétail. L'Adrar est la région la plus touristique de la Mauritanie et Total France y mène des activités de prospection. La région reposerait sur d'importants gisements pétroliers.