Bonne nouvelle pour les Algériens, les Egyptiens ont fini par avoir pitié de nous, en nous épargnant leur sevrage culturel à deux sous ! En parfaits mauvais perdants, les Egyptiens menacent de stopper leur coopération culturelle avec l'Algérie. Quel bonheur ! De l'argent public économisé par l'Algérie et, enfin, un repos pour les neurones des Algériens, bombardés par des programmes bas de gamme. Les fabricants de la culture à l'égyptienne vont consommer leurs produits chez eux ou trouver d'autres marchés porteurs, ce qui n'est pas une mince affaire. Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'ils vont perdre énormément sur le plan financier, et leurs “artistes” doivent mettre un trait sur les cachets mirobolants qu'ils engrangeaient à chaque déplacement en Algérie. Tant mieux pour le Trésor public algérien. Et tant mieux pour le bien-être des Algériens, qui avaient pris l'habitude de se contenter de la médiocrité des programmes achetés en gros dans les fabriques du Caire. Cette menace égyptienne fera des heureux, dans les pays arabes, notamment en Syrie et au Liban où la production audiovisuelle est beaucoup plus intéressante, en termes de qualité et de contenu. En tout cas, elle rend un énorme service au public algérien, qui pourra, enfin, faire la différence entre la culture et l'inculture. Contrairement à ce qu'on peut penser, cette décision irréfléchie, découlant d'un chauvinisme primaire, sert beaucoup plus les Algériens que les Egyptiens, sur tous les plans. Et on est prêts à parier — connaissant la versatilité des Egyptiens — qu'ils vont regretter amèrement cette décision chauvine et qu'ils vont faire l'impossible pour revenir sur le marché algérien, comme si de rien n'était. Mais les Algériens ne sont pas amnésiques et ne sont pas prêts, surtout, à brader leur dignité, pour tout l'or du monde. À quelque chose malheur est bon, dit-on, un match de football a permis de dévoiler le vrai visage des Egyptiens. Ces derniers croient dur comme fer qu'ils nous ont appris la langue arabe. Faux, archifaux. La seule contribution sonnante et trébuchante des Egyptiens, ramenés en tant que coopérants techniques durant les années 1970, était pour exécuter la politique d'arabisation décidée par Boumediene, au lendemain de la nationalisation des hydrocarbures, en signe de représailles à l'embargo que la France voulait imposer à notre pays. Nasser s'en est servi pour nous fourguer tous les Frères musulmans qui le dérangeaient. Résultat des courses : on a eu droit à des enseignants de bas niveau qui ont fait un lavage de cerveau aux dégâts incommensurables. Les Egyptiens qui confondent entre leur dialecte et la langue arabe pensent être les détenteurs de l'arabité, alors qu'ils sont loin de l'être, et c'est parce qu'ils ne maîtrisent que leur dialecte qu'ils ont un sacré complexe par rapport aux Algériens et aux Libanais, bilingues et trilingues. Que les Algériens parlent parfaitement le français, c'est tout à leur honneur. Kateb Yacine avait trouvé les mots justes pour expliquer cela : “C'est un butin de guerre.” Combien d'Egyptiens sont capables de maîtriser l'arabe classique ? Combien sont-ils à maîtriser une autre langue ? Des pseudo-journalistes et des pseudo-intellectuels, des moulins à paroles n'arrêtent pas d'attaquer l'Algérie pour son amazighité. Oui, nous sommes des Amazighs et fiers de notre histoire millénaire. Nous sommes fiers des rois Juba II et Chichnak qui avaient gouverné l'Egypte du temps des Pharaons, comme nous sommes fiers d'El-Mouaiz Eddine El-Fatimi, originaire de Jijel, qui a fondé Le Caire et sa mosquée d'El-Foustate (El-Azhar actuel). Nous sommes fiers de nos ancêtres qui ont laissé leurs traces à Alexandrie. Nous sommes surtout fiers de nos ancêtres qui ont bâti l'Andalousie. Nos racines, on les connaît. Les Egyptiens connaissent-ils les leurs ? Sont-ils les descendants des pharaons ou les servants de ces derniers ? Sont-ils les amis ou les ennemis d'Israël ? Leur nombrilisme et leur arrogance n'ont pas de limite. Ils mènent depuis plusieurs années une guerre pour détrôner le rôle de La Mecque en tant que première destination des musulmans du monde entier et veulent introniser El-Azhar comme première source de jurisprudence chez les musulmans. Leurs imams profèrent des “fatwas” sur commande et inondent les chaînes de télévision satellitaires pour imposer un mode de pensée qui arrange le régime égyptien et ses calculs hégémoniques dans la région. Ceux qui pensent, en Egypte, que l'Algérie pourrait être dépendante d'eux, ou affectée par les états d'âme des chauvins mauvais perdants, se trompent lourdement. Ils nous ont rendu un énorme service sans qu'ils le sachent. Ils vont s'en mordre les doigts et devront suppléer, dans l'avenir, pour vendre le moindre produit en Algérie.