RéSUMé : Wassil reste au café et attend le coup de fil qui donnera un sens à sa vie. Lorsqu'il recevra et parlera au vieil homme, il ne sera plus sûr de rien. 15eme partie Wassil pourrait berner des jeunes de son âge mais un homme âgé, il ne pourra jamais. Dès que celui-ci découvrira qu'il a fait de la prison, il ne voudra plus entendre parler de lui. Qui pourrait faire confiance à un ancien détenu ? Il ne peut pas aller loin dans ses pensées. Son interlocuteur reprenait : - Il s'agit de remettre en bon état de vieilles maisons pour y loger des employés dans quelques mois, lui apprend-il. Il y aura du travail de maçonnerie et de plâtrerie... Vous serez capable de travailler seul ? Parfois, bien sûr ! Le vieux lui expliquait, lui décrivait. Mais Wassil ne le suivait plus. Il n'osait pas y croire. Il y avait un instant, il était persuadé qu'il ne voudrait pas de lui et le voilà qu'il lui expliquait le travail qui l'attendait. D'ailleurs, il poursuivait : - Ça vous tente toujours ? - Oui ! - Je vous prends quinze jours à l'essai, lui dit son futur patron. Si ça marche, je vous prendrais pour une durée indéterminée, entre six mois et une année. Vous vous êtes décidé ? - Bien sûr ! - Quand voulez-vous commencer ? - Demain, répond Wassil, qui ne voulait pas perdre de temps. Si vous voulez ? - Le plus tôt sera le mieux, dit le vieux, avant de lui expliquer comment venir à Bou-Smaïl, par quel car, où il devra descendre avant de prendre un taxi car le village est à cinq kilomètres. Wassil écoutait la voix nette et posée de cet homme âgé qui allait lui donner l'occasion de prouver qu'il peut encore être quelqu'un de bien, digne de confiance. Avec un peu de chance, il allait réussir sa vie. Il est encore jeune, il pourra toujours se rattraper et ne plus faire les erreurs d'avant. Wassil a envie de lui dire mais il a peur, craignant sa réaction. Voudra-t-il toujours de lui quand il saura que c'est un ancien détenu qu'il a pour employé ? - Je vous attends donc demain ? - Oui, je viendrais à la première heure, répond Wassil. - Gardez en tête mes instructions, vous n'aurez pas de problème, lui assure son futur patron. Au fait, comment vous appelez-vous ? - Wassil, à qui ai-je honneur ? - Boualem S. À demain matin, bonne nuit ! - Bonne nuit ! Lorsqu'il raccroche, il a l'impression d'avoir rêvé. Mais Sami, qui a entendu la conversation, sourit et est heureux pour lui. - Je t'avais dit que cela allait marcher ! lui rappelle-t-il. Si j'ai bien compris, tu commences demain ? - Oui - Pourquoi es-tu si pressé de travailler ? l'interroge-t-il. - Parce que je suis sans un rond, lui confie Wassil. Si je ne me mets pas au travail, il faudra que je mendie pour me nourrir demain ! - Je pourrais très bien te payer le déjeuner et le transport, le rassure Sami. Tu viens de loin ? - Oui, en plus, je me suis brouillé avec ma famille ! Wassil ne peut dire la vérité, celle qui lui fait honte et qui entache son passé. S'il apprend qu'il a fait de la prison, qu'il n'est libre que depuis quatre mois, il allait trouver un prétexte et le mettre dehors. Et dehors, il fait froid. Il n'a pas envie d'y passer la nuit. Il peut dormir avec sa faim mais ce soir, il ne supportera pas le froid et la solitude. Alors, il ne parle pas des trois dernières années de sa vie. Avant de s'endormir, il pense à son avenir et il se demande s'il devrait toujours cacher son passé. A. K. (À suivre)