«Notre participation aux négociations n'est pas bannie mais suspendue jusqu'au retour (au pouvoir) du président», a déclaré à la télévision le colonel Moussa Keïta, ministre, secrétaire permanent du Cndd. Les militaires au pouvoir en Guinée ont décidé de suspendre leur participation aux négociations sur la crise guinéenne à Ouagadougou, jusqu'au «retour» dans ses fonctions de leur chef, le capitaine Moussa Dadis Camara, a annoncé mardi soir un ministre à la télévision d'Etat. «Pour le moment, notre participation aux négociations n'est pas bannie mais suspendue jusqu'au retour (au pouvoir) du président», a déclaré à la Télévision nationale le colonel Moussa Keïta, ministre secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd, junte). Le capitaine Camara reste hospitalisé au Maroc où il a subi une intervention chirurgicale, après avoir été blessé par balle à la tête, le 3 décembre, par son aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, actuellement en fuite. La junte affirme qu'il «va bien» et qu'il «rentrera bientôt», mais cette version officielle est mise en doute par bon nombre de Guinéens qui s'interrogent sur l'état de santé réel du capitaine, qui n'a pas fait d'apparition ni de déclaration dans les médias depuis la tentative de meurtre. «Nous savons que c'est dans la négociation, certainement, que le peuple ou la nation aura son salut. Mais, pour le moment, ce qui préoccupe le Cndd et le gouvernement, c'est la santé du président, c'est la quiétude interne», a expliqué le colonel Keïta, apparaissant en uniforme, dans une interview diffusée plusieurs fois dans la soirée par la radio-télévision guinéenne. Le capitaine Camara a été porté au pouvoir par l'armée, il y a près d'un an, le 23 décembre 2008, au lendemain de la mort du dictateur Lansana Conté (1984-2008) qui était malade depuis plusieurs années. Le président burkinabé Blaise Compaoré a été nommé médiateur dans la crise guinéenne par la Communauté des états d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), après le massacre d'opposants par l'armée, le 28 septembre à Conakry, qui a fait au moins 150 morts selon l'ONU. Depuis le début des négociations, l'opposition réclame le départ des militaires du pouvoir, la nomination d'un civil à la tête du pays pour 10 mois et la «disqualification» de Dadis Camara pour la présidentielle prévue en 2010. A Ouagadougou, M.Compaoré avait reçu séparément les délégations du pouvoir et de la junte qui lui avaient remis leurs propositions. Le 20 novembre, le président burkinabè a présenté un premier projet d'accord politique interguinéen, que l'opposition a catégoriquement rejeté. Son texte préconisait le maintien au pouvoir du chef de la junte pendant une transition de 10 mois et lui donnait la possibilité de se présenter à la présidentielle. Dimanche, une réunion du Groupe international de contact sur la Guinée est prévue à Ouagadougou.