La population d'El-Affroun (jeunes gens, femmes, enfants, vieillards), folle de bonheur, a passé une bonne partie de la nuit dehors. Beaucoup sont rentrés à l'aube. À l'instar du pays entier, les manifestations de liesse générale ont été marquées par des chants, cris, danses et youyous de joie intense, qui, en deux-roues, qui en quatre roues, qui en camionnettes, en bus… partout à travers la commune. Même le train roulait au son de “One, two, three, viva l'Algérie !” durant deux jours, et jusqu'à la victoire. De la musique à plein tube partout et des jeunes dansant sous le rythme des youyous des femmes qui n'avaient pas hésité à se mêler au spectacle. Pour exprimer leurs sentiments, beaucoup de jeunes qui sillonnaient les artères principales noires de monde se sont distingués par leur sens de la créativité, de l'ingéniosité et de l'imagination. Sur une voiture roulant aux cris (repris par la foule) de “Allahou Akbar ! Shehata mêt !”, une “tombe” drapée des couleurs du drapeau égyptien avait été dressée. Dans cette nuit de bonheur intense, où les prières pour remercier Dieu étaient nombreuses et générales, il n'y a pas eu d'interdits envers les femmes : elles étaient toutes dehors et, le respect, la considération et la reconnaissance qui leur ont été témoignées par les hommes, jeunes et moins jeunes, signifiaient que, comme à l'Indépendance, le sentiment de fraternité entre Algériens est très fort. Elles, entre elles, ils, entre eux, s'enlaçaient fort, s'embrassaient pour se congratuler : “Mabrouk aâlina !” Les commentaires ne pouvaient qu'être inaudibles, couverts, comme ils l'étaient, par l'ambiance haute en son et en couleur.