La situation se complique davantage et la mutation du virus peut rendre inefficaces les vaccins mis au point jusqu'à maintenant. En attendant, la prévention et l'adaptation du comportement des citoyens sont les seuls remèdes contre cette maladie. Cinquante nouveaux cas de grippe A/H1N1 ont été annoncés jeudi dernier par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière dont trois se sont soldés par un décès. Il s'agit d'une jeune femme et de son bébé qui ont succombé à Oran, mais originaires de Relizane et d'une femme, la cinquantaine, à Biskra. D'autres cas sont à l'heure actuelle en phase de confirmation, nous a appris hier le directeur du laboratoire de référence de l'OMS de l'institut Pasteur Algérie. M. Berrar n'avance aucun chiffre car, selon lui, le nombre de cas suspects évolue d'heure en heure, un peu partout sur le territoire national. Le ministère de la Santé annonçait la veille du communiqué de jeudi dernier, soit le 25 novembre, 20 nouveaux cas de grippe A/H1N1 pour un total de cas enregistrés ce jour-là, de l'ordre de 224. Le lendemain, le bilan a été revu à la hausse pour atteindre 50 nouveaux cas, soit 30 autres personnes qui ont donc attrapé le virus en 24 heures dont 9 sur un total de 14 cas à Alger. Mis à part les trois décès, les 47 cas confirmés sont natifs de différentes wilayas du pays dont certains sont revenus d'un voyage en France, en Egypte ou au Soudan. La capitale, à elle seule, a enregistré 14 cas. Il s'agit d'un jeune homme de 20 ans récemment revenu du Soudan, deux femmes âgées de 50 et de 42 ans, un homme âgé de 74 ans, deux jeunes hommes âgés de 23 et 29 ans, trois jeunes filles dont deux âgées de 16 ans et une de 15 ans, quatre garçons âgés de 3 ans, 5 ans, 6 ans et 9 ans et une fille âgée de 8 ans. Il y a eu également sept cas à Tizi Ouzou en l'occurrence une femme de 33 ans, deux adolescentes âgées de 14 et 17 ans, un jeune homme de 24 ans et trois garçons de 10, 11 et 15 ans. Six cas à Oran concernant quatre hommes récemment revenus du Soudan et respectivement âgés de 29 ans, 41 ans et deux de 32 ans, un enfant de 5 ans arrivé et une jeune femme de 35 ans récemment revenus de France. À Bouira, il a été recensé quatre cas : deux jeunes hommes âgés de 20 ans et de 23 ans et deux garçons de 8 et 12 ans. Trois cas ont été confirmés à Blida : trois jeunes hommes récemment revenus du Soudan et âgés respectivement de 17, 19 et 24 ans. À Guelma, un cas a été enregistré concernant un jeune homme de 24 ans. Idem pour Aïn Témouchent, Tipasa, M'sila, Béjaïa et Annaba. Enfin, trois cas ont été enregistrés à Constantine relatifs à deux filles de 11 ans et un garçon de 16 ans et quatre autres à Batna. “Nous sommes en période de circulation intense du virus. Toutes les circonstances optimales de propagation sont là. C'est la saison du froid et donc la situation climatique est propice à une plus grande transmission. Dans cette phase-là, en Norvège, aux Etats-Unis et même en France, il a été constaté une mutation qui permet désormais au virus de se fixer au poumon”, soutient le directeur du laboratoire de référence OMS de l'Institut Pasteur qui révèle l'apparition y compris en Algérie de cas de grippe A/H1N1 “un peu plus compliqués”. Le pays a commandé 65 millions de doses de vaccins dont 20 millions sont annoncés pour le mois de décembre. Arriveront-ils à temps pour circonscrire la pandémie ? “Le fait de les avoir, c'est déjà bien. On est en phase d'épidémie intense. Il faut les avoir avant que le virus ne s'installe d'une façon plus dangereuse qu'il l'est actuellement car la pandémie est en train de s'installer en Algérie”, répond M. Berrar. Sur la polémique autour des effets secondaires que peut entraîner le vaccin en question et son efficacité, il est d'avis que le vaccin “est le seul moyen de prévention. Les bénéfices de cette prévention et du vaccin sont nettement meilleurs que ses effets secondaires. La vaccination reste la seule voie pour se prémunir contre les complications de la grippe A/H1N1”. En attendant d'arriver au stade de la vaccination que beaucoup de pays européens ont entamée depuis quelques semaines déjà, avec la réception éventuelle par l'Algérie de 20 millions de doses — un taux nettement inférieur aux besoins pour faire face efficacement et rapidement à cette pandémie —, le ministère de la Santé se contente dans un communiqué de rappeler les règles d'hygiène comme le lavage régulier des mains au savon liquide notamment en rentrant à la maison et avant chaque repas et l'utilisation des mouchoirs jetables pour se moucher, éternuer ou tousser.