Naguère, le Nil avait la réputation, en Algérie, d'être ce magnifique plus grand fleuve du monde. Aujourd'hui, il est devenu malheureusement le déversoir d'une flopée d'insultes et d'autres injures contre le peuple algérien dont le seul tort est de posséder une équipe nationale qui a tenu la dragée haute à l'ogre égyptien. À coups d'émissions télévisées au goût nauséabond d'un esprit revanchard et haineux, des présentateurs égyptiens en mal d'inspiration tentent lamentablement d'accréditer, aux yeux de leur opinion publique, la thèse du complot algérien. Nonobstant ce qui s'est passé au Caire, le terrible cauchemar vécu par l'équipe et les supporters algériens, ces faiseurs d'opinions qui ont pignon sur rue au Caire veulent à tout prix nous faire comprendre aussi que c'est l'Algérie qui a agressé l'Egypte en envoyant à Khartoum “des milices armées” pour soutenir les Verts au moment où “Oum Dounia” a dépêché ses artistes. Ces pharaons de la phraséologie poussent le culot jusqu'à réclamer le pardon officiel de l'Algérie avant toute tentative de normalisation avec le “pays frère”. Entre-temps, Samir Zaher a pris le soin de déposer un gros dossier à la Fifa sur les “graves agressions de Khartoum”, le tout étayé de preuves “irréfutables”. Des preuves gardées secrètes, bien sûr, pour les besoins de l'enquête. Rien que ça ! Mais au-delà du souci d'absorber la colère du peuple égyptien et de sauver un régime en place, largement fissuré par le simple affront footballistique de Khartoum, les responsables du football égyptiens mènent, en fait, cette campagne de mensonges pour sauver leur tête à la veille de décisions très attendues de la Fifa sur les évènements du Caire. Une campagne médiatique sans précédent En effet, le comité exécutif de la Fifa, qui doit se réunir le 2 décembre pour étudier le dossier Egypte-Algérie sur la base du rapport du délégué du match, le Suisse Walter Gagg, s'apprête à punir sévèrement la Fédération égyptienne. La puissante fédération mondiale a aujourd'hui les preuves qu'il y eut bel et bien agression contre la sélection algérienne à son arrivée à l'Iberotel du Caire. Un motif suffisant pour sanctionner sévèrement l'Egypte de façon à ce qu'elle ne puisse plus recourir à ce genre de procédés machiavéliques pour gagner un match. Pour les Egyptiens, la prochaine décision de la Fifa, qu'ils savent évidente, est une humiliation de plus que la rue cairote ne pourra pas supporter. Du coup, ces responsables ont pensé à une idée géniale, celle qui consiste à entraîner les Algériens dans leur chute. Tenter de provoquer donc une sanction contre l'Algérie par on ne sait quel biais. L'ancienne star du football égyptien, aujourd'hui membre du conseil d'administration de la Fédération égyptienne, précise qu'il ne s'agit, bien sûr, pas de remettre en cause le résultat de la rencontre du 18 novembre dernier, mais de sanctionner le “comportement terroriste des supporters algériens à Khartoum”. Même la diplomatie s'en prend au jeu des médias égyptiens Interrogé sur la chaîne El-Hayat, l'ambassadeur d'Egypte au Soudan parle de “bus égyptiens caillassés” par les fans des Verts et “des blessés, qui n'ont pas eu le réflexe, dans un climat de terreur, de déposer une plainte ou d'aller se faire soigner dans un hôpital à Khartoum”. Il affirme même qu'il “détient les noms des agresseurs algériens”. Autant dire que tout cela est du cinéma tout juste bon pour la consommation locale. S'il est possible d'admettre qu'il y a eu des échauffourées entre les deux galeries à la fin du match du 18 novembre, faire porter la responsabilité de ces actes à la seule partie algérienne dans un pays neutre relève tout simplement de la comédie égyptienne. D'ailleurs, dans une conférence de presse organisée la semaine précédente, le chef de la sécurité à Khartoum a nié les “allégations égyptiennes” et parlent “d'incidents mineurs”. Un dossier donc bidon sur lequel la Fifa n'est même pas habilitée à statuer. Mise en garde de La FIFA En revanche, le dossier algérien qui a déjà valu une sévère mise en garde de la Fifa contre l'Egypte, à la veille de la confrontation du 14 novembre, est en béton. Il concerne une agression caractérisée contre une équipe et qui a fait quatre blessés dans les rangs algériens, à savoir les joueurs Halliche, Lemouchia et Saïfi ainsi que l'entraîneur des gardiens de but Belhadj. Un acte barbare que le délégué suisse a mentionné dans son rapport envoyé à la Fifa. Cet épisode, les animateurs égyptiens préfèrent le sauter. Ils n'y font même pas allusion. D'ailleurs, ils persistent à faire croire que ce sont les joueurs qui se sont autoflagellés tout comme ces supporters massacrés à la fin de la rencontre du 14 novembre. En dépit de l'imminence de la sanction de la Fifa, ils continent à tenter de cacher le soleil avec un tamis. On vous l'a dit, le Nil est désormais pourri !