Les élus de l'APW jugent la situation “alarmante et tragique” : multiplication de décharges anarchiques, entreprises polluantes, villes sales, propagation de graves maladies… C'est un constat accablant qui a été dressé par les élus de l'APW de Boumerdès sur l'environnement lors de leur dernière session : usines et entreprises polluantes, multiplication de décharges sauvages, constructions illicites, plages défigurées, villes sales. Bref, une situation jugée “tragique et alarmante” par de nombreux intervenants y compris par le chef de l'exécutif. Boumerdès est en passe de devenir, selon de nombreux élus, une grande poubelle de la wilaya d'Alger s'il l'on juge par certains projets affectés sur le territoire de cette wilaya, à l'exemple de la décharge de Oued Smar à Corso qui sera transférée à Benbakhta (Corso), ou le projet de l'incinérateur de l'hôpital Mustapha déjà opérationnel et qui exerce, selon la chef de daïra des Issers, en toute illégalité. Mais il n'y a pas que des projets polluants qui seront accueillis par la wilaya puisqu'on a appris que pas moins de 6 000 logements pour des résidents de la wilaya d'Alger seront construits à Si Mustapha et Bordj El Bahri sur des terrains fertiles agricoles, pour le compte de l'OPGI d'Alger. “On ne serait pas contre si ces logements étaient construits sur les piémonts de Timezrit au lieu que ce soit sur les meilleures terres de la Mitidja”, affirme M. Mokrani, qui s'est interrogé sur ces “débordements” sans contrepartie et qui pénalisent la wilaya de Boumerdès déjà privée depuis 1999 des taxes et redevances générées par la zone industrielle de Rouiba. Les élus affirment ne pas comprendre grand-chose sur ces décisions alors que les APC de la wilaya de Boumerdès éprouvent d'énormes difficultés pour dénicher un lopin de terre qui servira à implanter des projets socioéconomiques. À propos de l'incinérateur de Si Mustapha géré par l'entreprise Ecferal d'El Harrach, Dr Ouzeriat, élu à l'APW, révèle que les produits dégagés par cet incinérateur sont à l'origine de plusieurs maladies notamment le cancer. “Boumerdès a un taux d'hépatite B très élevé, des cancers bizarres dus à des déchets à risque à cause de cette entreprise”, affirme Dr Ouzeriat. Mais l'entreprise chargée d'incinérer les déchets de l'hôpital Mustapha avait déjà pris les devants puisque, selon le directeur de l'environnement, elle a présenté un dossier pour régulariser sa situation et la procédure est en cours, précisera-t-il. Par ailleurs, le rapport de la commission de l'environnement a évoqué le cas de l'entreprise privée de torréfaction de café d'Ouled Moussa qui dégage des fumées jugées insupportables pour les citoyens. “Les habitants sont obligés de fermer les portes et les fenêtres”, souligne le rapport alors que le directeur de l'environnement de la wilaya a surpris l'assistance en parlant de fumée non toxique tout en admettant qu'elle est nuisible. “Oui, cette fumée peut être nuisible, je le reconnais, mais l'usine a été autorisée par l'APC et exerce selon la règlementation.” Une explication jugée confuse et contradictoire par de nombreux élus. La même observation sera faite par le directeur sur les mauvaises odeurs dégagées par les deux grands poulaillers de Corso situées en plein centre-ville. Un problème soulevé par M. Bouzad. Mais pour le directeur les puanteurs dégagées par ces structures sont sans conséquences sur la santé des citoyens et pour l'environnement. Sur les déchets jetés dans l'oued par une usine pharmaceutique de Boudouaou, le directeur a démenti cette information donnée par les élus de l'APW. “Les produits ne sont pas jetés mais ils sont incinérés”. Concernant les carrières activant à Keddara qui continuent de causer d'énormes problèmes aux citoyens, le directeur a laissé entendre qu'il va fermer les entreprises qui ne respectent pas les cahiers des charges. Abordant enfin le volet de démolition des constructions illicites au niveau de plusieurs localités de la wilaya, un élu de l'APW dénoncera la politique du deux poids, deux mesures.