L'Ecole nationale polytechnique entre dans sa 6e semaine de grève. Réputée pour être parmi les meilleures dans l'enseignement et la recherche scientifique universitaire, cette école vit un vrai marasme qui irrite enseignants et étudiants. Face à cette situation “chaotique”, les étudiants ont décidé de tirer la sonnette d'alarme et de dire stop à tout ce qu'ils subissent. Ainsi, depuis la rentrée universitaire 2009/2010, les étudiants n'ont toujours pas rejoint les classes et n'envisagent pas de le faire avant que leur principale revendication ne soit satisfaite. “Nous entamons la 6e semaine de grève et personne ne s'intéresse à nous. La seule fois où nous avons suscité un tant soit peu l'attention, c'était quand les élèves de l'école préparatoire n'ont pas pu accéder aux classes des cours”, précisent les délégués des étudiants qui se sont déplacés à la rédaction hier. Les étudiants assurent que la reprise des cours dépend de plusieurs facteurs dont les principaux sont le règlement du problème de l'indisponibilité des salles ; l'acceptation du principe de suivi par un groupe d'étudiants de la mise en pratique des engagements du ministère ; l'engagement par écrit de la direction concernant la transparence du budget et sur la création d'un département d'automatique, ainsi que la désignation d'un chef de département pour le génie industriel et, enfin, la disponibilité du transport pour les étudiants qui ont cours jusqu'à 18h. Les délégués ont affirmé, avec colère, que “les salles dans lesquelles ils veulent que nous étudions sont dangereuses et la plupart d'entre elles peuvent s'effondrer d'un moment à l'autre et, de plus, il n'y a pas assez de places pour tout le monde”. Ils dénoncent ce qu'ils qualifient de “politique du bricolage”, à savoir notamment le fait que l'administration a enlevé des salles aux étudiants de magister “pour nous calmer”. “Depuis le début de notre mouvement, des rencontres ont été organisées avec les représentants du ministère de l'Enseignement supérieur, mais à ce jour rien n'est fait”, ont-ils tenu à préciser. “Tout le monde n'arrête pas de nous dire que nous sommes la crème de la société, excusez-moi, mais nous, nous ne voyons rien de concret à cause des responsables de l'école ainsi que du ministère”, ironise une étudiante. “Ce que je ne comprends pas, c'est qu'une telle situation ne dérange personne”, s'étonne un autre étudiant. Devant le silence des autorités concernées, la détresse des étudiants qui veulent sauver leur école creuse davantage le fossé entre les deux parties. Et une nouvelle fois, on passe à côté d'un sérieux débat sur l'avenir de la recherche et de la science dans notre pays.