“Et si les prix à la consommation vont encore augmenter avant même le premier janvier prochain ?” Telle est la hantise des Algériens au lendemain de la récente décision de la tripartite surtout qu'ils ont payé, à leurs frais, le passage, il y a quelques années du SNMG de 10 000 à 12 000 dinars. La décision d'augmenter le SNMG est prise au moment où l'inflation, de 5,7%, a atteint un taux jamais égalé depuis l'entrée en vigueur du programme d'ajustement structurel. Cette inflation, synonyme de dégradation du pouvoir d'achat, est intervenue au lendemain de l'entrée en vigueur des dispositions de la LFC 2009 relatives aux importations. Du coup, si les mesures du gouvernement ont atteint leurs objectifs en allégeant la balance des paiements extérieurs, elles ont eu pour effet collatéral, une diminution de l'offre par rapport à la demande sur certains produits de large consommation créant un déficit qui a tiré vers le haut les prix. Sans être alarmiste, ce taux d'inflation n'est pas normatif, du moment qu'il est supérieur au taux de croissance du PIB prévisionnel pour 2010, soit 5,5%. Une croissance toujours quasi dépendante de la rente pétrolière. C'est pour cette raison que les appréhensions des foyers et des initiés quant à l'amortissement de cette majoration de 3 000 dinars du SNMG par l'inflation sont légitimes. Pour les plus optimistes, l'inflation est loin de pénaliser et le consommateur et l'économie nationale. Selon eux, comme dans le traitement des récessions économiques, le financement par l'inflation, à travers l'augmentation des salaires et des dépenses publiques, peut être adopté comme thérapie de sortie de crise. En renforçant le pouvoir d'achat des populations, les gouvernements cherchent à booster la production nationale à travers la forte demande qui en découle et, partant, la croissance et l'emploi. Pour les pessimistes, cela n'est que le côté jardin. Selon eux, cette augmentation des salaires risque de se traduire par une augmentation des achats et avoir un côté négatif. Si l'offre des biens et services est inférieure à la demande, cela se traduira par une autre augmentation des prix à la consommation, rendant caduque la récente décision de la tripartite et plongeant l'économie nationale dans une spirale inflationniste. À titre d'exemple, il y a une année, le prix moyen de la viande rouge était de 600 dinars le kilo. Il y a six mois, ce prix est passé à 750 dinars du fait que l'offre a diminué pour plusieurs facteurs. Confortés par les 3 000 dinars ajoutés à leurs salaires, les Algériens vont - une possibilité - augmenter au moins de 10% leur consommation en viande rouge. La demande sera plus importante sur une offre toujours inférieure. Du coup, les prix vont encore augmenter. Au final, seuls les spéculateurs vont gagner avec la mesure gouvernementale. Enfin, la troisième tendance, le sésame, est de voir les ménages algériens orienter les 3 000 dinars pour combler d'autres “trous de leur budget”, comme le paiement des dettes à la consommation déjà contractées, s'offrir plus de loisirs, internet… Dans ce cas, on n'aura pas d'inflation et les Algériens pourraient profiter entièrement de cette hausse du SNMG. À travers ces appréhensions, à l'inverse du gouvernement Belkhadem, celui d'Ouyahia, doit suivre de près l'évolution de la situation afin d'intervenir à temps et par d'autres mesures de correction pour que les 3 000 dinars aillent à l'amélioration du pouvoir d'achat et non à la spéculation.