Ravaler d'une manière quasi outrancière la rencontre tripartite au seul SNMG, c'est finalement la confiner à un exercice lilliputien qui ne met très certainement pas en position avantageuse les acteurs en présence, qu'ils appartiennent au patronat, au gouvernement et/ou au syndicat,comme elle donne d'ailleurs l'impression de «misérabiliser» encore plus les masses laborieuses, notamment quand il s'agit d'évoquer l'agencement de ce fameux salaire national minimum garanti et son ajustement par rapport au coût de la vie, si tant est toutefois qu'il existe réellement des mécanismes d'évaluation appelés à trancher dans le choix définitif. Le SNMG, actuellement à douze mille (12 000) dinars pourrait passer à quinze. D'aucuns glorifient un tel bond comme l'exploit que réaliserait un athlète olympique… pulvérisant un record ! Et tout cela à un moment où d'autres corporations syndicales qui n'arrêtent pas d'occuper la rue mais aussi une formation politique ne cessent de jurer qu'à moins de trente mille (30 000) dinars, un travailleur ne saurait vivre décemment et encore moins faire vivre sa famille.Il semblerait qu'il y ait là un raisonnement logique incontestable dans la mesure où il ne faudrait pas avoir obligatoirement fait des études d'économie et encore moins de gîter dans un centre d'études sociales pour confirmer que la modulation mais surtout la protection du salaire minimum garanti dans notre pays ne dépendent pas d'un processus politique pas plus que de l'Etat même si la volonté qui est derrière est des plus sincères, mais de la maîtrise de nombreux autres éléments qui ne figurent pas dans les tractations entre patrons, syndicats et le représentant de ce même Etat dans son rôle de modérateur.Le salaire national minimum garanti devrait être le prélude si ce n'est, comme son nom l'indique, le minimum dans un éventail de rémunérations qui permettrait à tout travailleur selon ses qualifications, ses capacités professionnelles et son grade de bénéficier d'un minimum… vital. Ce qui n'est pas le cas si ce minimum vital doit être celui qui permettrait à un ménage donné de vivre plus ou moins dans une certaine décence. Sous d'autres cieux, les moyens de sa détermination ne sont-ils pas d'ailleurs établis à partir de ce budget moyen des ménages ? D'où le coût de la vie et l'indice qui permettrait d'indexer la rémunération et de faire face au jeu de yoyo des prix à la consommation. Or, les prix à la consommation ont, dans notre pays, cela d'exceptionnel que, lorsqu'ils augmentent, il y a très peu de chances qu'ils diminuent à nouveau et ce, quels que soient le niveau ou l'importance de la productivité. N'importe quel Algérien est en mesure dès lors de s'autoriser le calcul le plus simpliste qui consisterait à démonter tous les doctes raisonnements autour d'une augmentation déraisonnée du salaire national minimum garanti qui remettrait en cause les équilibres microéconomiques, voire macroéconomiques. Ainsi en 1970, le SNMG était de 300 dinars au moment où le kilo de viande d'agneau était à 9, la baguette de pain à 0,25, la bouteille de soda à 0,90, le ticket de bus à 0,30 et la place de cinéma à 2,40.Si le pain, et c'est encore heureux parce qu'il s'agit d'un produit soutenu, ne grève pas le budget familial, on ne peut en dire autant de la viande dont le prix a été multiplié par près de 100 alors que le SNMG, lui, est situé 60 cases plus bas dans l'échelle.Il ne suffit pas d'ailleurs de parler uniquement du SNMG. Sinon que sont devenus de grands acquis comme les allocations familiales, les congés payés, les œuvres sociales, les mutuelles des travailleurs, les colonies de vacances, l'assurance sociale et le train compensé ?Alors 3 000 dinars de plus ou de moins… ça changerait quoi en réalité ? Et plus particulièrement si les prix grimpent à partir de samedi, donc avant que la mesure prise ne soit officiellement entérinée. Cela n'est-il déjà pas arrivé, il y a quelques années ? A. L.