À la demande de l'Espagne, qui a sollicité le concours des Etats-Unis, la secrétaire d'Etat US aux Affaires étrangères devait réunir, hier à Washington, les chefs de la diplomatie marocaine et espagnole pour trouver une issue à la crise provoquée par la grève de la faim de la militante sahraouie des droits de l'Homme. Devant l'entêtement du Maroc, qui refuse de laisser Aminatou Haïder retourner chez elle à Al-Ayoune, Madrid a sollicité l'ONU et les Etats-Unis pour l'aider à trouver une solution à cette affaire qui a pris des proportions internationales, qui la mettent dans une situation inconfortable vis-à-vis de la communauté internationale de par sa position d'ancienne puissance coloniale du Sahara occidental. En effet, incapable de raisonner Rabat, l'Espagne s'est résignée à demander à Washington de venir à son secours pour ne pas avoir à encaisser seule les retombées d'un éventuel décès de “pasionaria” sahraouie, plus que jamais déterminée à aller jusqu'au bout de sa revendication. Prenant les choses en main, Hillary Clinton a appelé hier les ministres des Affaires étrangères espagnol et marocain à une réunion dans l'espoir d'aboutir à une sortie de crise. Il ne fait aucun doute que l'administration demeure un des rares membres de la communauté internationale en mesure de faire plier le Maroc, si l'on excepte la France, qui fait la sourde oreille. Il faut dire que l'échec patent de la diplomatie espagnole de trouver une solution à l'affaire Aminatou Haïder ne laissait guère de choix au gouvernement Zapatero que de se tourner vers les Etats-Unis dans l'espoir de faire entendre raison au Maroc, qui n'a accordé aucun crédit aux appels du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon pour dénouer la crise. Hillary Clinton, qui a fait part, il y a quelques jours, de sa “vive inquiétude devant la détérioration de l'état de santé de Mme Haïder”, devra faire preuve de davantage de pression sur Rabat pour espérer lui forcer la main et éviter une mort certaine de la militante sahraouie des droits de l'Homme. En effet, le département d'Etat US n'a pas caché que Washington “demeure inquiet pour la santé et le bien-être de la militante sahraouie Aminatou Haïder, lauréate du prix Robert-F. Kennedy pour les droits de l'Homme 2008 et du prix 2009 du courage civil de la Fondation Train”, tout en ajoutant que “nous demandons instamment la détermination rapide de son statut légal et le plein respect du processus et des droits de l'Homme”. L'initiative de la secrétaire d'Etat américaine intervient après les nombreux appels du président sahraoui Mohamed Abdelaziz en direction des personnalités influentes de la planète, à l'instar du secrétaire général de l'ONU, du président Barack Obama, du président français Nicolas Sarkozy, du pape Benoît XVI, du roi d'Espagne Juan Carlos 1er, et de la reine d'Angleterre Elizabeth II, pour sauver la vie d'Aminatou Haïder. En dépit de l'opiniâtreté des responsables marocains, le Front Polisario s'est déclaré prêt à poursuivre les négociations avec le Maroc sur l'avenir du Sahara occidental sous l'égide de l'ONU si “des conditions favorables” sont réunies. Le secrétaire général du Front Polisario Mohamed Abdelaziz a néanmoins estimé que ces “conditions favorables” au succès des négociations pour une solution au conflit ne peuvent être réunies que “loin de la logique d'escalade, de répression sauvage, des arrestations, des procès arbitraires (...) imposée par le gouvernement marocain aux citoyens et aux militants sahraouis”. Il a, toutefois, réaffirmé “la disponibilité du Polisario à une coopération constructive avec l'ONU (...) pour la reprise des négociations directes avec le gouvernement marocain, afin de garantir au peuple sahraoui son droit inaliénable à l'autodétermination, conformément à la légalité internationale et aux décisions du Conseil de sécurité”. Dans ce cadre, le président sahraoui sollicite “une intervention immédiate pour mettre un terme à la large campagne d'arrestations et de procès arbitraires” menée par le Maroc au Sahara occidental.