Le collectif SOS Libertés, composé d'intellectuels, universitaires, artistes, avocats, journalistes… a exprimé hier dans un communiqué sa solidarité avec la moudjahida Djamila Bouhired. “Icône de l'Algérie combattante, Djamila Bouhired est devenue, près d'un demi-siècle après l'indépendance, le symbole de son peuple humilié”, lit-on dans le communiqué qui note cette contradiction : “alors que des prises en charge à l'étranger sont accordées aux hommes du sérail, à leurs proches et à leurs clientèles pour de frivoles opérations esthétiques, l'héroïne de la bataille d'Alger est réduite à quémander sur la place publique des soins médicaux, que sa maigre pension peine à lui assurer.” SOS Libertés souligne à la fois “l'indignation des milieux populaires” et l'“élan de solidarité” engendré un peu partout dans le pays par l'appel de détresse de cette femme courage. “Arrêtée par les parachutistes de Massu, torturée, puis condamnée à mort par le tribunal militaire d'Alger, Djamila Bouhired répondait au juge qui prononçait la terrible sentence par un rire méprisant”, écrit Sos Libertés qui rappelle que Djamila Bouhired a opposé la même attitude digne “à ses faux frères qui, dès l'indépendance, ont exploité le combat libérateur comme un confortable fonds de commerce”. Tout en se disant par ailleurs “profondément bouleversé” par le drame de Djamila Bouhired pour laquelle il exprime sa “profonde tristesse et sa sincère solidarité”, Sos Libertés dénonce la marginalisation et le mépris qui frappent les véritables libérateurs du pays, au moment où les rentiers des “constantes”, les faussaires de la mémoire et les escrocs du trésor public jouissent d'un statut usurpé au nom d'une “famille révolutionnaire” à gages. Et de conclure son communiqué par un appel “à une large mobilisation éthique”.