Le président afghan Hamid Karzaï a présenté hier un gouvernement destiné à plaire tant à la communauté internationale qu'aux hommes d'influence qui l'ont soutenu, choisissant ainsi la continuité, devant un Parlement qui va devoir voter pour investir chacun des ministres. Après l'ouverture mouvementée de la séance, au cours de laquelle des députés ont remis en cause la légalité du processus, le vice-président Mohammad Qasim Fahim, un ancien chef de guerre controversé, a annoncé que les noms des 23 ministres désignés seraient soumis à l'approbation des parlementaires. Le cabinet comprendra au total 25 ministres, mais les noms de deux d'entre eux n'avaient toujours pas été dévoilés hier. La liste comprend la moitié des ministres du gouvernement sortant. Les ministres-clés de l'Intérieur, Mohammad Hanif Atmar, et de la Défense, Abdul Rahim Wardak, devraient conserver leur poste. Comme le précédent, le gouvernement proposé compte une seule femme, Husn Banu Ghazanfar, reconduite par M. Karzaï à la Condition féminine. Sur les 23 noms dévoilés, 11 ministres sont reconduits dans leurs fonctions. “Beaucoup de ministres ont été maintenus dans leurs fonctions à la demande de la communauté internationale et principalement des Etats-Unis”, note l'analyste politique Waheed Mujda. Cela "laisse présager qu'il n'y aura pas de changement majeur dans la politique du gouvernement", a-t-il ajouté. La composition du gouvernement répond à un subtil équilibre entre les demandes de la communauté internationale, qui ne cesse d'appeler le président Karzaï à lutter contre la corruption endémique jusqu'au sommet de l'Etat et a réclamé à ce titre un cabinet constitué de ministres intègres et compétents, et la nécessité politique de récompenser les hommes d'influence ayant soutenu sa réélection. Un des hommes forts de l'ouest du pays, l'ancien chef de guerre de la résistance contre les Soviétiques et de la lutte contre les talibans Ismaïl Khan, a ainsi été reconduit au ministère de l'Energie. Un autre ancien commandant moujahidine, le très populaire gouverneur de Nan, pourrait toutefois être l'un des deux ministres dont le nom reste à dévoiler. Les ministres désignés ont quitté le Parlement, qui délibère sur les modalités d'approbation. Ils vont ensuite s'exprimer chacun à leur tour devant les membres du Parlement, députés puis sénateurs, qui voteront pour les investir individuellement. Ce processus devrait durer plusieurs jours. Le Parlement afghan est composé de groupes hétéroclites rassemblant des ex-chefs de guerre de la résistance anti-soviétique, leurs anciens adversaires communistes, des technocrates formés en Occident et des personnalités de la société civile. Hamid Karzaï a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de l'Afghanistan, à la suite d'un processus électoral calamiteux, marqué par des fraudes massives en sa faveur lors du premier tour le 20 août et le désistement de son adversaire, Abdullah Abdullah, avant le second tour prévu en novembre.