Mme Hind R. a accepté de témoigner pour nous relater, dans les détails, la prise en charge des malades suspectés d'avoir contracté le virus A H1 N1 au niveau de l'hôpital El Kettar d'Alger. Une prise en charge des plus aléatoires et pour le moins stressante pour les dizaines de patients, invités à s'y rendre sur “consignes” du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. De retour de France, le 23 novembre dernier, la mère de Mme Hind R. avait, le soir même, eu de la fièvre accompagnée d'écoulement nasal. “Ma mère a de suite pensé à la grippe porcine. C'est pourquoi, le lendemain matin nous nous sommes rendus illico presto à l'hôpital El Kettar”, explique Hind R. Pendant au moins deux heures, la malade, accompagnée des siens, a attendu debout —faute de sièges disponibles — au même titre que les dizaines de patients affolés, et le mot est faible, accourus à l'hôpital de référence officiellement chargé de diagnostiquer la grippe porcine. “Nous avons donc fait la queue puis, une fois notre tour arrivé, nous avons été admis dans une pièce extrêmement exiguë où nous avons encore dû patienter jusqu'à ce qu'une infirmière se présente et nous demande de la suivre dans un petit couloir. C'est cette même infirmière qui, sur ordre du médecin, assis bien loin derrière son bureau, avec un stéthoscope et un thermomètre, a ausculté ma mère et effectué ensuite un prélèvement nasal”, ajoute notre témoin. Ce qui a exaspéré les parents et la patiente elle-même, c'est que le médecin, qui n'a même pas daigné se lever de sa chaise, a lancé sans vergogne à la présumée malade atteinte de la grippe porcine : “Vous êtes venue d'un pays pandémique. Pourquoi êtes-vous rentrée ? Maintenant, rentrez chez vous, prenez ces masques, mettez-vous en quarantaine et attendez que l'on vous appelle.” Traités de la sorte, les membres de la famille R. ont demandé pourquoi on ne leur avait donné que six masques. “Nous n'en avons pas assez !”, a rétorqué le médecin. À la veille de l'Aïd El Adha, la famille R. qui était repartie bredouille et sans aucune information rassurante, était au paroxysme de l'inquiétude. Comment allait-elle faire ? Quelle attitude adopter vis-à-vis des autres membres de la famille qui allaient probablement se déplacer pour l'occasion ? Il fallait attendre 48 heures avant d'avoir les résultats. Pourquoi ? “Parce que, leur répond-on, l'Institut Pasteur est débordé.” Non loin de là, toujours à l'hôpital El Kettar, relève Mme H. R., quatre élèves, scolarisés dans la même école privée et présentant les symptômes de la grippe A/H1N1, s'étaient déplacés avec leur directrice pour les mêmes raisons. “Dans l'école en question, explique notre interlocutrice, il y avait eu un cas confirmé. L'inquiétude est fondée. Toutefois, à leur vue, et comprenant qu'il était question de dépistage, le médecin a haussé le ton pour dire que ce n'était pas son travail !”