Le taux de croissance hors hydrocarbures, entre 10,5 et 11%, réalisé durant 2009, est appréciable, a indiqué le Conseil national économique et social, dans son rapport sur les perspectives de conjoncture pour l'année 2009, exposé jeudi au Club-des-Pins (Alger). Le taux de croissance global est estimé à 3,8%. Le Cnes précise que cette croissance, qualifiée de “molle”, continue d'être tirée par les dépenses publiques massives, l'agriculture et le BTPH, révélant l'étendue de la vulnérabilité de l'économique algérienne très dépendante des hydrocarbures. Et la crise financière a mis à nu les faiblesses, au demeurant connues, de notre économie. Le Cnes souligne que les répercussions de la crise financière ont été plus sensibles au premier semestre 2009. En raison de la chute des prix du pétrole, les recettes de l'Algérie ont baissé de 42% et l'excédent de la balance commerciale ne s'élève qu'à 1,01 milliard de dollars, augurant un probable déficit de la balance de paiement en 2009. Si l'excédent commercial s'est amélioré, en atteignant environ 4 milliards de dollars à fin novembre 2009, il ne pourra pas compenser le manque engendré par les importants transferts de devises liés au rapatriement des sociétés étrangères. Les volumes d'hydrocarbures exportés par l'Algérie ont baissé sur les 10 premiers mois de l'année 2009 de plus de 10%, et les prix d'exportations ont aussi baissé de 45%, ces prix passant de 108,6 dollars le baril à fin octobre 2008 à 59,2 dollars le baril à fin octobre 2009. La forte volatilité du prix du pétrole, depuis la fin 2008, a pu rendre plus fragile la balance des paiements extérieurs et donc un affaiblissement de la position extérieure de l'Algérie en 2009. Les exportations algériennes ont baissé de moitié durant les 11 premiers mois de l'année 2009. Elles sont estimées à 39,53 milliards de dollars contre 72,41 milliards de dollars à la même période de l'année 2008, soit une baisse de 45,40%. Les hydrocarbures continuent de représenter l'essentiel des ventes algériennes à l'étranger avec un taux de 97,45% du volume global, soit 38,52 milliards de dollars. Les exportations hors hydrocarbures demeurent marginales. Alors, “il faut aller à autre chose. Vers la mise en place d'une économie d'offre diversifiée”, a indiqué le président du Cnes, Mohamed Seghir Babès. Une opinion partagée par le ministre des Finances qui, en marge de la rencontre, a estimé que les enjeux auxquels l'économie algérienne devrait faire face dans les années à venir portent sur la nécessité de diversifier cette économie. “On ne peut pas uniquement fonder notre développement économique sur une forme unique de revenu, qui demeure fortement sensible à l'évolution des prix et des quantités déterminés ailleurs.” Le Cnes constate, qu'en dépit des efforts soutenus et continus des pouvoirs publics pour insérer notre pays dans l'économie mondiale et améliorer son attractivité pour les IDE, notre pays continue de reculer en termes de classement en ce qui concerne le climat des affaires. La part des investisseurs étrangers dans l'ensemble des investissements réalisés dans notre pays, pour la période allant de janvier à la fin juin 2009, reste marginale pour ne pas dire insignifiante. L'investissement étranger réalisé au titre de l'ANDI s'élève à 12 668 millions de dinars, soit 1%, celui du secteur de l'énergie et des mines est de 68 104 millions de dinars, alors que le privé national a réalisé un montant de 173 719 millions de dinars, soit 15% du total investi. Sur le plan de l'emploi, le Cnes a indiqué, qu'au cours du premier semestre et, selon le bilan du gouvernement, le nombre d'emplois créés s'élève à plus de 758 000, dont près de la moitié, soit 377 431, relève des TupHimo et des travaux d'intérêt général (IAIG Esil) des dispositifs gérés par la solidarité nationale à destination des personnes actives sans revenu. “Ainsi la création d'emploi reste dominée par les emplois d'attente”, regrettent les experts du Cnes, précisant que la question de l'emploi reste une question cruciale et imprégnera la demande sociale sur le long terme au regard de la cohorte de la population en âge de travailler. Le Cnes souligne que, bien qu'il ait été divisé par deux depuis 2001, le taux de chômage chez les jeunes reste élevé. “Il est l'un des plus élevés des pays du Bassin méditerranéen. Les trois quarts des chômeurs ont moins de 30 ans. Le pic est de plus de 25% chez les moins de 20 ans, avec un nombre de 140 000 chômeurs”, relève le document.