La France ne s'en cache pas. Elle est partie prenante dans la crise qui affecte la Guinée. Le président Nicolas Sarkozy juge encourageants les propos du général Sékouba Konaté, dirigeant par intérim de la junte au pouvoir en Guinée, qui s'est dit favorable à l'organisation rapide d'élections libres. Les proches de l'ex-numéro un de la junte, en soins intensifs au Maroc après avoir essuyé un attentat à Conakry, perpétré par un membre de sa garde rapproché, ont accusé Paris d'être derrière la manœuvre qui a mis hors jeu le capitaine Camara. Le général Konaté, ministre de la Défense dans le gouvernement du capitaine, s'est engagé à favoriser la tenue d'élections le plus tôt possible et a prôné la réconciliation des Guinéens meurtris par les violences, un an après la prise du pouvoir par l'armée. À propos du récent rapport de l'ONU sur le massacre perpétré fin septembre à Conakry, accablant pour la junte sans toutefois incriminer le général Konaté, le porte-parole de l'intérimaire a souligné que "les auteurs de ces crimes doivent être conduits devant la justice”. Le 28 septembre, les forces de sécurité avaient battu, poignardé et tué par balle des opposants au régime militaire, rassemblés dans le plus grand stade de Conakry pour réclamer que le chef de la junte et président autoproclamé depuis décembre 2008, le capitaine Moussa Dadis Camara, ne se présente pas à l'élection présidentielle. La Commission d'enquête de l'ONU sur ce massacre a fait état d'au-moins 156 personnes tuées ou disparues. En fait, l'argent est sans doute, comme souvent, le nerf de la guerre en Guinée. Placer ses hommes au pouvoir en Guinée signifie mettre la main sur le magot de ses ressources naturelles. La Guinée est en effet le deuxième producteur et le premier exportateur de bauxite au monde, avec les réserves les plus importantes. Mais la Guinée, c'est aussi les diamants, l'or, le fer, le trafic de drogue et bientôt, au large, le pétrole. Et c'est sans doute justement aussi la formidable manne promise par des contrats, avec des entreprises chinoises en octobre dernier de l'ordre de 7 à 9 milliards de dollars pour l'extraction de ressources et la prospection pétrolière, qui a fait déclencher l'appétit du capitaine Camara qui, contrairement à ses promesses, a fait acte de candidature à la présidence. La France l'a suspecté de jouer la Chine contre la françafrique. L'Afrique est encore et toujours au centre de la lutte entre les grandes puissances sur l'échiquier géopolitique. La montée en puissance de la Chine-Afrique en gêne plus d'un en Occident, et surtout la France qui perd peu à peu sa françafrique. Le concurrent chinois prend pied en Guinée et, après avoir soutenu la violation des droits de l'homme en Afrique, voilà que la France invoque ces derniers... Cynisme, hypocrisie.