Les professionnels plaident en faveur d'une politique de sensibilisation pour plus de communication, en insistant auprès des opérateurs économiques qui doivent être le point de départ d'une véritable culture du risque. La gestion des risques, qu'ils soient industriels ou naturels, interpelle aujourd'hui l'ensemble des acteurs de la société, plus particulièrement les intervenants dans la production confrontés à des risques multiples, dont les conséquences peuvent être tragiques. Des conséquences en effet financières, humaines, écologiques, qui, aujourd'hui, doivent être pressenties, anticipées, cela d'autant que la mondialisation et les progrès de la technologie imposent l'intégration de la “culture du risque”. Une culture du risque encore très faible en Algérie et qui a une incidence directe sur le marché des assurances. Toutes ces notions ont été au centre d'une journée d'information organisée par le cabinet de courtage Wafassurances et qui s'est déroulée avant-hier à la CCIO, avec la collaboration du Laboratoire des risques industriels, technologiques et environnement de l'université d'Es-Senia. Pour M. Ghaouti, directeur général de Wafassurances, les assurances sont un indicateur de développement économique, social et culturel. Et de rappeler : “Le taux de pénétration des assurances en Algérie était de 1% en 1990. En 2008, il n'est plus que de 0,7%, alors que nos voisins marocains sont à 7,4%, juste après l'Afrique du Sud avec 13,7%.” Et ce dernier d'expliquer cette situation par “le contexte de la décennie 1990-2000 qui explique en partie cette situation : baisse du dinar, fermeture des entreprises publiques, situation sécuritaire. Mais pas seulement, en 2003, par exemple, après le tremblement de terre, 61% des PME/PMI n'avaient pas de contrat d'assurance, de même pour l'assurance catastrophes naturelles, son taux de pénétration n'étant que de 10%, alors qu'elle est obligatoire depuis 2003. Il faut que les opérateurs prennent en compte la notion de risques majeurs”. Malgré ce constat négatif, le marché des assurances est en progression. Depuis l'ouverture du secteur au privé, ce sont 450 agents d'assurances générales et 25 courtiers d'assurances qui activent en Algérie. Le chiffre d'affaires global de ce marché est passé de 14 milliards de DA en 1995 à 55 milliards de DA en 2007 et à 67 milliards de DA en 2008. Pour 2009, malgré tout, la progression de 10% attendue par les spécialistes ne sera pas au rendez-vous. Pour l'intervenant, cette situation est la conséquence du “déficit de notion de culture du risque, mais aussi de la culture d'assurance dans notre pays”. Et de plaider pour une politique de sensibilisation pour plus de communication, en insistant auprès des opérateurs économiques qui doivent être le point de départ de cette culture du risque. Pour Mme Ghenachi Khadija, directrice du Laboratoire des risques industriels à Oran, le problème se situe dans la démarche des pouvoirs publics et des entreprises. “On a pensé essentiellement autour de la notion de procédure de gestion des risques. Or, la procédure a ses limites. Il faut focaliser sur les ressources humaines. L'assureur aujourd'hui n'assure pas n'importe quelle situation, la gestion des risques aujourd'hui doit inclure la notion de formation face à un secteur industriel qui évolue très rapidement.” Pour appuyer ses propos, l'intervenante rappelle que dans 80% des cas, les accidents industriels ont une cause humaine et seulement 20% sont dus à des problèmes d'équipements. Mme Ghenachi se félicite que le ministère de l'Enseignement supérieur ait décidé de créer un centre national des risques qui sera un centre de recherche. Son implantation est prévue à Oran, au pôle universitaire de Belgaïd, et les statuts sont en cours de finalisation.