L'année 2009 devait être l'année du premier président noir des Etats-Unis. Raté. Ni vent de changement, pas même un point de rupture avec les huit années de la présidence de George W. Bush. Sauf au plan de la forme et sur le plan psychologique. L'Obamania est restée en plan. Pour ses ennemis, il n'aura été qu'un excellent tribun, un hyper spécialiste de la com. Un bel homme du nouveau millénaire: svelte, élancé, élégant, racé, intelligent, férue d'internet et autre Ficebook. Dans ce domaine, il avait effectivement réussi a séduire tout le monde. Chez lui et partout ailleurs dans le monde. Même chez les musulmans qui ont apprécié sa proximité de leur religion, par son père kenyan et son long séjour en Indonésie, la première terre d'islam par le nombre. Obama, en fait, c'est l'image apaisée de l'Amérique que l'establishment américain, les décideurs, l'appareil militaro-industriel et les nouveaux maîtres des places boursières, ont cherché à donner au monde. Après les provocations des néo conservateurs, il fallait une tête nouvelle pour relever le défi du leadership international. Il ne faut pas s'y méprendre, Obama a été choisi pour perpétuer le leadership américain sur la scène internationale de façon soft. Le faire accepter, non seulement, par ses alliés et obligés, mais surtout par la cascade d'ennemis que Bush junior a ligué contre sa politique faite de menaces, de provocations et de guerres. Aussi a-t-il déboulé avec des idées novatrices mais sans effets dans la réalité. Prenons le cas de la politique étrangère américaine au Proche et Moyen-Orient, qui a constitué le vrai test de la volonté de l'équipe Obama de redéfinir les relations de l'Amérique avec le reste du monde. Echec sur toute la ligne. Obama a capitulé devant l'arrogance de Netanyahu, refusant d'énoncer la moindre sanction, pas même symbolique ! Pas question de réduire l'aide américaine à Israël, ou de réduire la coopération militaire américano-israélienne, ni quoi que ce soit d'autre. Pourtant, Obama avait fait croire au changement, notamment lors de son courageux discours au Caire, un discours qui a même posé les termes de la relation entre les Etats-Unis et les pays du monde arabo-musulman. La lutte contre l'extrémisme violent ne sera pas rapidement terminée, devait-il avertir, pour définir le champ de sa propre guerre qui va bien au-delà de l'Afghanistan et du Pakistan, impliquant ce qu'il a appelé des régions de désordre et d'ennemis diffus, citant nommément la Somalie et le Yémen. Loin de hâter la fin de la guerre, l'escalade Obama crée les conditions pour de nouvelles et plus importantes conflagrations militaires. L'injection de troupes supplémentaires en Afghanistan ne fera qu'attiser les tensions dans la région et au-delà, entre le Pakistan et l'Inde, l'Inde et la Chine, l'Iran et les Etats-Unis, la Russie et la Chine et les Etats-Unis. Après le mensonge des armes de destruction massive, un autre, celui que la guerre est menée en Afghanistan pour protéger le peuple afghan. En réalité les Afghans, dans leur écrasante majorité, s'opposent à l'occupation étrangère. Passée l'euphorie de l'Obamania, et devant les difficultés à modifier en profondeur la politique étrangère américaine au-delà des discours, peut-on dès lors s'attendre à une vague de déception hors des Etats-Unis à l'égard d'Obama ? Les attentes sont immenses, à l'intérieur des Etats-Unis comme à l'extérieur, et les déceptions sont d'autant plus grandes que les changements ne sont pas spectaculaires. Et ce n'est pas le prix Nobel de la Paix qui lui a été attribué qui changera la perspective. D'ailleurs cette distinction a soulevé des controverses même chez lui aux States.