La loi de finances 2010, telle qu'elle a été prévue en avant-projet et telle qu'elle a été finalement signée, confirme les grandes orientations prises par les plus hautes autorités en matière économique et ressemble aux précédentes en ce sens qu'elle est le plus grand événement économique dans la vie de la nation. Les éléments d'encadrement de cette loi pour 2010 reposent sur un taux de croissance prévisionnel du PIB de 4% (5,5% hors hydrocarbures), un prix moyen de baril de pétrole maintenu à 37 dollars, un taux d'inflation de 3,5% et des importations de près de 37 milliards de dollars. D'ores et déjà, le taux d'inflation pour 2009 se situerait autour de 5,7%, et l'amélioration actuelle du prix du pétrole autour de 75-80 dollars est due à une reprise économique mondiale de façade, sinon très fragile et incertaine. En outre, en attendant la finalisation de l'élaboration du programme quinquennal pour la période 2010-2014, les opérations inscrites au budget d'équipement et d'investissement pour 2010 (3 300 milliards de dinars) représentent déjà l'équivalent de plus de 45 milliards de dollars, dont 33 milliards de dollars en projets nouveaux. La loi de finances pour cette année 2010 prévoit des dépenses de 5 860 milliards de dinars (contre 5 428 milliards dans la loi de finances complémentaire 2009) et des recettes de 3 081 milliards de dinars (contre 3 178 milliards), soit un déficit budgétaire nominal attendu couvert par les disponibilités du Fonds de régulation des recettes dont le stock se situe actuellement à plus de 4 000 milliards. Les dépenses de fonctionnement passent à 2 838 milliards de dinars contre 2 593 milliards dans la LFC 2009 (en hausse de 6,6%). Les dépenses d'équipement et d'investissement totalisent un montant de 3 332 milliards d'autorisations de programme (+7%), avec des crédits de paiement d'un montant de 3 023 milliards de dinars. Le budget de fonctionnement prévoit près de 1 600 milliards de dinars pour le fonctionnement des services de l'Etat dont 925 milliards de dépenses salariales, et 230 milliards de dinars pour les incidences de la révision du Salaire national minimum garanti (SNMG) et de la mise en œuvre du nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires, le reste étant affecté notamment au fonctionnement des services et aux subventions aux communes à travers le Fonds commun des collectivités locales. Ce budget est axé également autour de la politique sociale de l'Etat qui sera prise en charge par une enveloppe de près de 1 000 milliards de DA, à ventiler au titre des subventions aux établissements hospitaliers, à la contribution annuelle au Fonds de réserve des retraites, aux versements de pensions de retraite et petites pensions, au soutien des prix des céréales, du lait, de l'eau, au transport des marchandises, ainsi qu'à des prestations au profit de la population par des établissements publics à caractère économique, et au bénéfice des enfants scolarisés de familles démunies, ainsi que les augmentations des bourses des étudiants, et stagiaires à partir de la rentrée 2009, et pour les indemnisations des victimes du terrorisme et de la tragédie nationale. En outre, le budget de fonctionnement prévoit plus de 100 milliards de DA destinés à la lutte contre le chômage, en financement des divers mécanismes traditionnels en contrepartie des abattements sur la part patronale des cotisations sociales. Le budget d'équipement et d'investissement prévoit plus de 1 150 milliards de DA pour le développement des infrastructures (routes, réseau ferroviaire, ports et infrastructures administratives) et pour près de 1 000 milliards de DA pour l'amélioration des conditions de vie de la population (infrastructures de santé, habitat et urbanisme, alimentation en eau et assainissement, alimentation en gaz et électricité, amélioration du transport urbain, jeunesse et sport, culture et information, forêts, environnement et développement communal). Outre un budget de 190 milliards de DA pour le développement des infrastructures de formation ainsi que la recherche scientifique, le budget d'équipement et d'investissement financera pour 250 milliards de DA alloués à l'encouragement de l'emploi des jeunes, ainsi qu'à l'investissement économique (création d'emplois par les jeunes, aide à l'investissement agricole et appui à l'investissement industriel par le biais de dotation au capital du Fonds national d'investissement, appui à la compétitivité industrielle et bonifications d'intérêts bancaires). En attendant la finalisation de l'élaboration du programme quinquennal pour la période 2010-2014, les opérations inscrites au budget d'équipement et d'investissement pour 2010 (3 300 milliards de DA) représentent déjà l'équivalent de plus de 45 milliards de dollars, dont 33 milliards de dollars en projets nouveaux. Plus programme économique que document budgétaire et de finances publiques, elle vient corriger les effets négatifs ou inattendus de grandes décisions de politiques économiques, telle que facilitant le développement des crédits à la consommation, du rachat et de cession des entreprises privatisées, et des opérations d'importation ainsi que la limitation ou de l'encadrement de l'intervention du capital privé étranger dans ce qui est désormais considéré, pour la première fois, comme l'outil national. Mais il est vrai que ces mesures ont été prises sur le coup des urgences, et que leur philosophie doit être confirmée. Apparemment, c'est le cas où priorité est donnée à l'investissement productis, et au national par rapport à l'étranger. Même l'épargne est orientée vers une consommation productive, avec l'autorisation de crédits bancaires pour le seul immobilier. Réorientations ou simples correctifs : même s'il est prématuré de conclure selon certains à une véritable réorientation, les correctifs sont trop importants et portent tout de même sur des véritables fondements sur les formes de la libéralisation. L'orientation libérale n'est pas remise en question. Entre autres, la privatisation n'est plus un dogme, mais une option comme une autre, et le secteur public n'est pas forcément voué à la privatisation. Autrement dit, il y a le marché mais il y a aussi des intérêts nationaux à défendre et un consensus social à préserver.