Devant les derniers développements sur la scène internationale suite à la grève de la faim de la militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haïder, qui ont acculé Rabat dans ses derniers retranchements, le roi du Maroc a décidé de changer de fusil d'épaule dans l'espoir de renverser la vapeur. Dérogeant à la règle, qui jusque-là limitait ses discours uniquement aux fêtes nationales, Mohammed VI a tenu dimanche après-midi à son palais de Marrakech un conciliabule au cours duquel étaient présents les hauts responsables de l'Etat, y étaient également conviés des ministres et des leaders des partis représentés au Parlement. C'est dire l'importance de l'événement pour la monarchie chérifienne. Dans la soirée, le souverain chérifien annoncera la trouvaille pour mettre la communauté internationale devant le fait accompli. Il s'agit de la “régionalisation avancée” du Maroc, qui selon le roi, constituera un “tournant majeur dans les modes de gouvernance territoriale”, et dont le Sahara occidental sera “parmi les premiers bénéficiaires”. À cet effet, le monarque marocain a procédé à l'installation d'une commission consultative royale, composée de 21 membres, pour la plupart des hauts fonctionnaires, universitaires, juristes, historiens, géographes, sociologues ou économistes, qui devront rendre leur copie au roi avant la fin juin 2010. Encore une, sans citer l'Algérie, il affirmera que le Maroc “ne peut se cantonner dans l'immobilisme alors que les adversaires de notre intégrité territoriale s'évertuent à entraver le processus onusien visant à trouver une solution politique réaliste et mutuellement acceptable au conflit artificiel suscité autour de ces provinces”. Ce qui montre que l'objectif non avoué de cette initiative de “régionalisation avancée” qui n'est que la confirmation de la marocanité du Sahara occidental, c'est l'insistance de Mohammed VI sur le fait qu'il entendait, “entre autres objectifs majeurs”, de cette “régionalisation avancée”, c'est de placer les provinces du Sud récupérées (comprendre le Sahara occidental) parmi les premiers bénéficiaires de l'opération. Dans cet ordre d'idées, il ajoutera : “Nous réaffirmons que cette initiative, forte de la crédibilité onusienne, reste toujours de mise pour toute négociation sérieuse et responsable devant conduire au règlement réaliste et définitif souhaité.” Ainsi, le roi du Maroc est passé à l'acte, car dans un discours prononcé à l'occasion du 10e anniversaire de son règne, le 30 juillet dernier, Mohammed VI avait appelé à l'ouverture d'un chantier, qualifié de “fondamental”, sur la régionalisation et annoncé l'installation, sous “peu”, d'une commission consultative spécialisée. Il avait notamment affirmé que “la mise en place d'une régionalisation avancée (...) marquera un saut qualitatif dans le processus de démocratie locale”. Ceci étant, le Front Polisario a demandé au gouvernement espagnol d'impulser la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental durant sa présidence semestrielle de l'UE pour que le peuple sahraoui puisse décider librement de son avenir conformément aux résolutions des Nations unies. Le représentant en fonction du Front Polisario en Espagne, Mohamed Khedad, auprès de l'instance européenne a déclaré à l'agence de presse espagnole EFE, que “la présidence espagnole de l'UE constitue une grande occasion pour pousser dans le sens du respect de la légalité internationale concernant le conflit sahraoui”. Il a souligné que la reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui doit être accompagnée de la tenue du référendum pour permettre aux Sahraouis d'opter librement soit pour l'indépendance, soit l'autonomie ou l'intégration au Maroc. Il indiquera : “Nous ne voulons pas créer de problèmes entre l'Espagne et le Maroc, ils peuvent avoir de bonnes relations, mais l'Espagne doit assumer sa responsabilité historique à l'égard du conflit sahraoui et pousser vers le référendum.”