Désormais, dans les ports et aéroports, nous devrons emprunter les couloirs des nationalités suspectes. Ce n'est pas tout à fait nouveau. Il y a longtemps que notre faciès, en premier, et notre origine ensuite, éveillent la vigilance des agents aux frontières. Il fut une époque où seuls les islamistes d'entre nous bénéficiaient de l'accueil empressé réservé aux “minorités” tourmentées dans leur pays ! C'est d'ailleurs souvent bien au chaud dans des quartiers tranquilles de villes européennes que s'organise le financement des groupes, se planifie l'approvisionnement en armes et se préparent les attentats les plus spectaculaires. Des années après le 11 septembre, les frontières ne semblent pas encore constituer un obstacle majeur au déplacement des terroristes : en moins d'une année, l'auteur de l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit venait d'effectuer un circuit de VRP sur… quatre continents (Le Caire, Sanaâ, Accra, Lagos, Amsterdam, Detroit) ! La communication électronique fait le reste pour la coordination entre les éléments de l'empire Al-Qaïda. Le pouvoir algérien, qui cultive la règle de réciprocité, exploitera-t-il, ici, l'occasion de faire valoir le principe de symétrie, jusqu'ici sacré, avec ses partenaires dans le traitement des ressortissants respectifs ? En a-t-il encore les moyens diplomatiques ? En tout état de cause, vue à travers la lorgnette des services de sécurité étrangers, américains et français en particulier, la frontière algérienne est donc relativement perméable à l'activité terroriste. Pour un régime qui a fait de “la réhabilitation du pays sur la scène internationale” et du “recouvrement de la dignité de l'Algérien à l'étranger” une de ses justifications anticipées, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'y est mal pris. Individuellement, l'Algérien a intégré, dans sa vie quotidienne, l'habitude de se soumettre aux rigueurs de la prévention sécuritaire. Des résidences, des rues, des abords d'institutions sont barricadés. Le portique, voire la fouille au corps s'imposent à lui à l'entrée du moindre hôtel classé et de bien des bâtiments administratifs. Les activités officielles, toujours placées “sous haute surveillance”, avec leur cohorte de déviations, de blocages de circulation, l'ont au demeurant habitué au principe de la primauté de la sécurité institutionnelle sur le confort du citoyen. Il ne peut pas solliciter de l'étranger la considération qu'il n'a pas arrachée chez lui. Et un pouvoir serait mal inspiré d'exiger des autorités étrangères le tact qu'il ne s'impose pas lui-même à l'endroit de ses administrés. Où est passée la cause de notre “izza ouel karama” ? Tant de sacrifices de patriotes, puis tant de privations de libertés et enfin tant de concessions aux islamistes pour se retrouver dans cet étrange attelage où s'alignent les Etats qui “soutiennent le terrorisme”, comme Cuba, l'Iran, la Syrie et le Soudan, et des territoires qui échappent au contrôle de ce qui leur tient lieu d'Etat, comme l'Afghanistan, le Yémen ou la Somalie ! Là comme ailleurs, la politique étrangère est le reflet de la politique intérieure. M. H. [email protected]