Les règles édictées par le gouvernement américain interdisent le contrôle au faciès, mais la réalité est autre au regard de la taille des files depuis l'attentat raté où l'origine ethnique prime. L'attentat manqué contre l'Airbus de Northwest Airlines le jour de Noël, dont l'auteur est un jeune Nigerian, fait ressurgir la très délicate question du contrôle au faciès dans les aéroports américains. Les règles édictées par le gouvernement américain sont certes très claires en la matière: le contrôle au faciès est purement et simplement interdit. Pour autant, avec la taille des files d'attente allant crescendo dans les aéroports depuis l'attentat manqué, ce serait se voiler la face que de croire que les agents de sécurité font fi de l'origine ethnique des passagers lorsque vient le moment d'effectuer des contrôles. «De plus en plus de monde va se prononcer en faveur du contrôle au faciès, mais cela va être de plus en plus compliqué», explique R. L'Heureux Lewis. Selon cet expert en relations inter-raciales au City College de New York, à l'avenir, il y a de fortes chances pour que, lorsqu'ils balayent du regard une file d'attente, les agents de sécurité se demandent qui est musulman - avec une attention désormais particulière non seulement portée aux personnes d'origine arabe, mais aussi aux Noirs africains. Erreur, clament les opposants aux contrôles au faciès. «La moitié du Nigeria n'est pas musulmane. Comment procède-t-on? On demande aux gens s'ils sont musulmans?», s'insurge Ibrahim Hooper, porte-parole du Council on American-Islamic Relations, un groupe de pression. Si, en tant qu'agent de sécurité, «on vous tend un passeport nigerian, est-ce que vous dites: si vous êtes chrétien, je vous en prie, passez. Mais si vous êtes musulman, veuillez me suivre?». Dans les hautes sphères aussi, difficile de trouver un responsable politique prêt à défendre le contrôle au faciès. Tant le président Barack Obama, dont le père était africain, que son prédécesseur, le républicain George W. Bush, se sont toujours prononcés contre. Très récemment, le ministre américain de la Justice, Eric Holder, premier Noir à occuper ce poste, racontait l'humiliation qu'il ressentait lorsque, étudiant, la police inspectait régulièrement sa voiture à la recherche d'armes. Parmi les intellectuels non plus le contrôle au faciès n'a pas bonne presse. Cela dit, note Heather Mac Donald du Manhattan Institute, «le terrorisme islamiste est le fait de musulmans par définition. Cela ne signifie pas que tous les musulmans commettent des attentats, mais si vous cherchez des islamistes, il serait totalement idiot de faire des descentes chez les luthériens». L'un des seuls élus à appeler les autorités à moins rechigner a publiquement défendu sa cause le lendemain de l'attentat manqué. «L'immense majorité des musulmans sont des gens fantastiques», a argué Peter King, représentant républicain de l'Etat de New York sur la chaîne Fox News, «mais 100% des terroristes islamistes sont musulmans, et ce sont nos ennemis aujourd'hui». «Alors, même s'il ne faut pas adopter la religion comme critère de contrôle, nous ne devrions pas non plus reculer et exclure (les musulmans) des listes» des personnes surveillées, a-t-il conclu.