Le directeur général de la réglementation Belhadj fait les frais d'une chasse aux sorcières. Yazid Zerhouni le soupçonne d'être la "taupe" qui fournit des renseignements à la presse à propos de réunions secrètes tenues au siège du ministère de l'Intérieur. Reprenant son travail samedi, après son congé annuel, le directeur général de la réglementation du ministère de l'Intérieur a eu la désagréable surprise de trouver son remplaçant prêt à prendre ses fonctions. Il s'agit du directeur des élections, Saïd Zerrouki, qui relevait de ses services. Belhadj, quant à lui, a été affecté au cabinet du ministre en qualité de conseiller, sans mission précise, apprend-on de source sûre. Noureddine Yazid Zerhouni a pris son temps pour prendre les mesures coercitives à l'encontre de M. Belhadj, soupçonné d'être derrière les dernières fuites dans la presse. Il a attendu que son directeur général rentre de son congé annuel pour lui signifier son remplacement. À en croire notre source, le directeur général de la réglementation a senti venir le coup, au point de faire une virée au Palais du gouvernement, vendredi dernier, pour tenter d'apprendre auprès des employés de service si des mesures avaient été prises contre lui pendant son congé. N'ayant pu satisfaire sa curiosité, et contrairement à son habitude, il se présente tôt le lendemain à ses services pour davantage d'informations. Son absence a, sans aucun doute, été mise à profit pour vérifier les informations confirmant les soupçons pesants sur lui. L'on se rappelle que des détails avaient été rapportés par quelques journaux sur la réunion secrète tenue au siège du ministère de l'Intérieur, au cours de laquelle il a été question de l'invalidation du VIIIe congrès du FLN. Ayant fait partie des privilégiés qui ont pris part au conclave ultrasecret et confidentiel, Belhadj, pourtant considéré comme un proche du premier policier d'Algérie, n'a pas tardé à être mis en quarantaine avant son départ en congé au début du mois de juillet dernier. Rien, cependant, ne laissait présager d'une telle fin pour cet homme, qui jouissait, selon notre source, de la confiance de son ministre. La rumeur au ministère l'annonçait même comme le potentiel successeur de Kandil, au secrétariat général, lorsque ce dernier devait être nommé comme consul à l'étranger. L'espoir du directeur général d'être secrétaire général du ministère de l'intérieur, poste pour lequel il se préparait sérieusement selon son entourage, a fondu comme neige au soleil quand Zerhouni a opposé son veto pour le départ de Kandil, qu'il jugeait indispensable au poste. Belhadj jouissait tout de même de l'estime du ministre, au point qu'après le déménagement des services du ministère du commerce du palais du gouvernement vers le nouveau siège, c'est lui qui a “hérité” des bureaux du ministre partant. C'était un signe de considération très important de la part de Zerhouni en direction de son directeur général de la réglementation, qui avait, sous sa coupe, les directions des élections, de la circulation des personnes, des libertés et du mouvement associatif. Avec autant de prérogatives, Belhadj était un personnage clé au département de l'intérieur et des collectivités locales. Il était même considéré comme le numéro trois du ministère, après Zerhouni et Kandil, le secrétaire général. Il n'était pas du tout évident qu'il soit mis hors course aussi vite. Mais, c'était méconnaître le puissant ministre de l'intérieur qui ne pardonne rien. D'après certaines indiscrétions, les soupçons se sont dirigés sur Belhadj parce qu'il se serait prévalu auprès de son entourage de l'amitié du général Larbi Belkheir, avec lequel Zerhouni serait en conflit. Désormais, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du secrétaire général, l'homme de confiance de Noureddine Yazid Zerhouni. Reste à savoir si Belhadj est réellement le coupable ou s'il a fait les frais d'un règlement de comptes. K. A.