Abdelaziz Belkhadem a annoncé devant les mouhafadhs que des sanctions seront prises à l'égard des militants qui ont fait perdre des sièges au parti lors des dernières élections sénatoriales. Le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, Abdelaziz Belkhadem, n'a pas dissimulé, jeudi, son agacement face à l'attitude de certains militants et dirigeants du parti, coupables, à ses yeux, d'avoir “torpillé” les chances du parti de remporter des sièges lors des dernières élections pour le renouvellement partiel du Sénat dans des régions pourtant acquises. Belkhadem, d'ordinaire assez serein, a troqué, l'espace d'une réunion avec les mouhafadhs du parti, conviés dans le cadre des préparatifs du prochain congrès prévu théoriquement la deuxième quinzaine de mars, le langage diplomatique dont il est familier, contre la fermeté du ton annonciateur, selon toute vraisemblance, d'une purge. “Je verrai certains mouhafadhs pour débattre de la question de la discipline. On se félicite des résultats, mais j'ai des reproches à faire. Je vais demander des comptes !” a-t-il tonné devant les mouhafadhs réunis jeudi au siège du parti à Alger. “Si nous n'avions pas suffisamment d'élus, j'aurais compris, mais nous avons perdu des sièges dans certaines régions à cause de la négligence et du manque de discipline. Les personnes qui, par non assiduité ou négligence, sont responsables de l'échec du parti dans des régions où il avait toutes ses chances de réussir seront sanctionnées”, a-t-il dit, précisant que la direction du parti “n'a empêché aucune candidature pour les primaires ayant précédé les élections du 29 décembre” et “a respecté la personne plébiscitée par la majorité”. Un message destiné sans doute à ses contradicteurs. Si les sanctions envisagées, en vertu du règlement intérieur, seront conformes au “préjudice” causé au parti, elles seront, en revanche, plus sévères contre les membres dirigeants qui ont “dévié”. “Celui qui est membre dirigeant aura des circonstances aggravantes !” a-t-il promis. “Je ne comprends pas comment un membre dirigeant puisse travailler contre son parti. C'est comme quelqu'un qui détruit sa maison”, estime-t-il, l'air dépité, avant d'ironiser : “Il sera SDF !” Belkhadem n'a pas précisé la nature des sanctions. Comme on peut le deviner, ces rappels à l'ordre du secrétaire général de l'instance exécutive visent à baliser le terrain en perspective du prochain congrès, enjeu majeur dans la vie du parti compte tenu du contexte dans lequel il intervient. “Les comptes que je vais demander auront des répercussions sur le congrès”, a-t-il glissé. Et d'ores et déjà, il égrène les critères qui vont présider au choix des congressistes. “Ne prendra part au prochain congrès que celui qui croit au FLN et celui qui veut qu'il reste la première force politique du pays. Celui qui a un penchant tribaliste, régionaliste ou est corrompu n'a pas sa place au FLN !” a clamé Belkhadem, confirmant paradoxalement et malgré lui les travers qui minent un parti assimilé, à tort ou à raison, au pouvoir. En plus d'avoir satisfait aux engagements envers le parti, le participant au prochain congrès doit avoir milité au minimum cinq années. Une disposition probablement destinée à couper l'herbe sous les pieds des opportunistes qui se bousculent déjà au portillon. Intervenant à la veille de la tenue du conseil national et de la réunion de l'instance exécutive, prévues en février prochain, ultime étape avant le congrès, la réunion des mouhafadhs vise à les sensibiliser sur les modalités et la conduite à tenir dans l'optique des assemblées générales locales durant lesquelles les documents de la commission de préparation du congrès seront débattus. “Je tiens à ce que le débat soit libre et englobe tous les documents. Il faut noter les points de consensus et relever les avis de la minorité”, a exigé Belkhadem. Les documents concernent notamment les statuts du parti, le programme général pour les cinq prochaines années, des documents portant concepts intellectuels et relations internationales et la déclaration du 1er Novembre. Hormis certaines constantes, le FLN entend débattre de certaines questions qui ont fondé la philosophie du parti jusque-là. “Il faut se remettre en cause”, dit Belkhadem. Il s'agit pour ainsi dire, pour le parti, d'opérer sa mue à la lumière des bouleversements et des évolutions survenus ici et ailleurs. Sur l'alliance entre le RND et le PT, il s'est contenté simplement de rappeler qu'elle ne doit pas inquiéter le parti. Sollicité à l'issue de la réunion qui a duré une heure environ, le responsable du FLN, d'habitude assez loquace, n'a pas souhaité s'exprimer. “Je n'ai rien à dire !” Contrainte d'un emploi du temps chargé ou petits soucis de santé dans la maison du parti ?