Un dispositif impressionnant a été déployé tout autour de la zone industrielle de Rouiba-Réghaïa, alors que la route qui relie les deux villes voisines était toujours fermée à la circulation. À Rouiba, la grève générale est à son septième jour. Hier encore, des milliers de travailleurs ont abandonné leur poste de travail pour se joindre au mouvement de protestation, toujours bien encadré par les syndicalistes de la SNVI. Un dispositif impressionnant a été déployé tout autour de la zone industrielle de Rouiba et de Réghaïa, alors que la route qui relie les deux villes voisines était toujours fermée à la circulation. Jamais la zone industrielle de Rouiba n'a connu un tel mouvement des services de sécurité. Des gendarmes ont été déployés avec leurs véhicules même sur les accès qui mènent vers l'autoroute par crainte de débordement. Des rumeurs avaient circulé la veille quant à une éventuelle fermeture de l'autoroute par les manifestants. Des informations vite démenties par les syndicalistes de la SNVI qui les ont qualifiées de fantaisistes. À la rentrée de la ville de Rouiba, non loin de l'usine de Coca-Cola, des centaines de travailleurs s'étaient regroupés pour exprimer leur colère envers la centrale syndicale accusée de chercher d'étouffer le mouvement en campant sur un mutisme jugé provocateur par un syndicaliste de la SNVI. “Nous savons que la centrale attend l'essoufflement du mouvement de protestation, mais nous sommes déterminés à poursuivre notre action”, affirme un travailleur de Anabib. Les syndicalistes sont restés jusqu'ici réservés sur le mode de fonctionnement de leur organisation, mais hier ils s'en sont pris à leurs dirigeants, leur reprochant de ne pas respecter les statuts de l'UGTA. Certains syndicalistes se sont interrogés sur la manière dont sont gérées les affaires des travailleurs. “Comment voulez-vous qu'on nous entende alors que la CEN (Commission exécutive nationale) de l'UGTA ne s'est pas réunie depuis 19 mois – date de la tenue du 11e congrès – et continue à fonctionner sans règlement intérieur ?” martèle un syndicaliste en colère. Les syndicalistes se disent consternés par le mode employé par la centrale pour discuter avec sa base et beaucoup présagent la démobilisation des travailleurs dans les jours à venir. “Ils ont perdu déjà les travailleurs de la fonction publique et ils risquent de perdre ceux du secteur économique, et c'est peut-être ce qu'ils cherchent, non ?” s'est interrogé un travailleur. “Non, l'UGTA n'appartient à personne ; elle appartient aux travailleurs”, crie un autre syndicaliste brandissant sa carte d'adhésion. Des travailleurs, accrochés aux pylônes, ont scandé à plusieurs reprises le nom de Abdelhak Benhamouda, l'ancien secrétaire général de l'UGTA, et ont promis de revenir sur les lieux demain (aujourd'hui, ndlr). “Nous n'allons pas nous taire sur nos droits”, ont-t-ils ajouté en réitérant encore une fois leur attachement à leur organisation. Pour rappel, les syndicalistes de Rouiba s'étaient réunis la veille au siège du syndicat d'entreprise de la SNVI et ont décidé de poursuivre leur mouvement de contestation. Les syndicalistes ont exprimé, lors de cette réunion, leurs regrets face à l'absence de toute réaction de la centrale syndicale qui, selon eux, continue à ignorer leurs revendications et à leur tourner le dos. Les cadres syndicaux ont considéré le dernier communiqué de l'UGTA comme “une tentative de discréditer les syndicalistes et dresser l'opinion publique contre le mouvement de contestation”. Les syndicalistes ont déploré que des gens tentent de leur imputer des déclarations qu'ils n'ont jamais tenues comme celles ayant trait à la création d'un autre syndicat. Des allégations qualifiées de “ragots colportés par des gens qui veulent participer à la casse de notre mouvement”, avaient affirmé les syndicalistes. Pour rappel, la centrale syndicale avait affirmé avant-hier dans un communiqué que la SNVI, qui était confrontée à d'énormes difficultés multiformes qui menaçaient même sa pérennité, a bénéficié d'importantes mesures de la part des pouvoirs publics, qui ont ainsi répondu positivement aux préoccupations de l'UGTA. Sur les augmentations de salaires, le communiqué indique que la dernière tripartite a décidé que des négociations portant augmentation des salaires soient engagées dans le cadre des conventions collectives de branches et d'entreprise. Ces négociations toucheront l'ensemble des entreprises publiques et privées. À cet effet, une réunion avec les fédérations nationales se tiendra avec le secrétariat national UGTA afin de mettre en place les mécanismes de négociations. Concernant la retraite, le communiqué indique que l'actuel dispositif de retraite demeure toujours en vigueur jusqu'à la promulgation du nouveau texte de loi. Lequel préservera le droit de départ en retraite pour les travailleurs remplissant les conditions, même après sa promulgation.