Entre l'euphorie de Khartoum, la qualification au Mondial aux dépens du double champion d'Afrique, l'Egypte, et le début hier de la Coupe d'Afrique des nations, l'équipe nationale de football a fait le vide. Au sens propre du terme. Plus rien. Ni la hargne, ni l'envie et encore moins le niveau de jeu. Méconnaissables, les Verts en l'espace d'un mois ont troqué leur statut privilégié de puissance continentale pour un piètre rôle de Petit Poucet, balayé en un tour de main par une formation inconnue au bataillon, le Malawi. Rien, absolument rien, ne reste de cette épopée de Khartoum ; c'est à croire qu'entre les deux stations, les “Guerriers du désert” ont fini par rendre même l'âme. En tout cas, au stade du 11-Novembre de Luanda, les Algériens n'ont pas reconnu les leurs. Arrivés dans la capitale angolaise pour “aller le plus loin possible dans cette CAN”, les Algériens feront sans doute demi-tour au bout du premier tour si la léthargie d'hier vient à se répéter. Un score aussi lourd, en effet, ne fait pas perdre seulement aux Verts trois points précieux, mais il les place en position idéale pour la porte de sortie. Pourquoi donc un tel scénario catastrophique ? D'abord un constat criant : l'équipe nationale n'est pas prête pour la CAN. Hier, les Algériens médusés ont assisté à un spectacle désolant, inadmissible. Au moment où Saâdane parlait de la nécessité de garder le ballon, de faire le jeu et de l'orienter vers l'offensive, les joueurs, eux, ont laissé l'initiative à l'adversaire, beaucoup plus appliqué sur le terrain. Au moment où Saâdane parlait de la nécessité de gérer les efforts, les Verts, eux, ont préféré s'arrêter carrément. La chaleur à elle seule ne peut pas expliquer le fiasco d'hier. Ni même la baisse de notre régime consécutivement à une débauche d'énergie lors de la phase des qualifications pour le Mondial. Les raisons sont à chercher, en fait, dans les conditions qui ont précédé la préparation de ce tournoi. Saâdane, qui affirmait savoir ce qu'il faisait, a emmené sa troupe dans le sud de la France avec des températures au-dessous de zéro pour un stage de préparation avant de rallier une ville de Luanda connue pour ses températures caniculaires en cette période de l'année. Du coup, les Verts n'ont pas pu s'adapter au climat. Hier, ils ont souffert de la chaleur sans pouvoir réagir. Mais ce n'est pas là la raison principale ; il y a une autre à notre sens beaucoup plus importante, à savoir le fait que l'EN n'a pas joué de matches amicaux. Aucune équipe présente en Angola n'a adopté cette stratégie suicidaire ; l'Algérie est la seule qui n'a pas eu de sparring-partner avant de rallier Luanda. Du coup, Saâdane, qui disait également à ce propos qu'il savait très bien ce qu'il faisait, n'avait plus la même visibilité par rapport au niveau de jeu. Il sait très bien pourtant qu'un entraînement ne remplace jamais un match amical. Il a été sans doute surpris hier par une telle déchéance. Il aurait pu pourtant en déduire les signes avant-coureurs s'il avait testé ses gars au moins une fois au Castellet. Cela donc pour le côté technique. Il reste maintenant le volet psychologique. Là aussi, les Verts ne sont pas prêts. Trop pris à parler argent et primes de match, de droits d'image, ils ont fini par perdre leur concentration. Ils ne sont plus dans le coup, comme on dit dans le jargon sportif. La gifle d'hier peut-elle pour autant les secouer à trois jours du second rendez-vous décisif contre le Mali, auteur d'un retournement miraculeux samedi contre l'Angola ? Auront-ils les ressources nécessaires pour renouer avec leur jeu et le sens de la combativité, car il est difficile aussi de croire que tout cela est perdu désormais. Difficile de le dire, tellement les Verts sont atteints. Il va falloir un véritable sursaut d'orgueil, jeudi, contre les Maliens pour éviter le naufrage précoce car une seconde défaite sera synonyme assurément d'élimination. Le plus dur est donc à venir. À Saâdane et aux joueurs de trouver des solutions. Le peuple, lui, est choqué par le désastre !