Peu avant sa mort, il avait remis aux représentants de l'Onda un répertoire de qassidate classées patrimoine public. Il y a quinze ans nous quittait, à l'âge de 88 ans, l'un des grands monuments de la chanson andalouse, cheikh Sadek El Béjaoui. À l'occasion du quinzième anniversaire de son décès, et en collaboration avec l'association culturelle Ahbab cheikh Sadek El Béjaoui, la maison de la culture Taos-Amrouche a rendu hommage à ce grand maître de la musique andalouse. Une exposition, la projection d'un film documentaire sur la vie et le parcours artistique de ce maître, qui s'est imposé dans le monde de l'andalou par sa voix et les finesses de ses intonations, et une conférence sur “Les origines de la musique andalouse et son influence sur la musique contemporaine”, ont été organisées. La manifestation culturelle a été clôturée par une soirée musicale du genre andalou. Cheikh Sadek El Béjaoui, de son vrai nom Sadek Bouyahia, a vu le jour le 17 décembre 1907 à Béjaïa. Issu d'une famille béjaouie modeste, il découvre, dès son jeune âge, ses dons pour la musique, le chant et la poésie. Il quitta Béjaïa pour Alger en 1933 pour faire la connaissance d'autres maîtres, notamment dans l'association El Mossilia dont il est membre fondateur, tel que Si Mohieddine Lakhal, professeur, et a côtoyé de brillants interprètes à l'exemple de Mâalem Bouchara. Dès son retour à Béjaïa, il a créé, après la dissolution de son association culturelle par les forces coloniales, un cercle musical dans son café, à la rue Fatima, où il reçoit également des mélomanes. En 1937, il crée l'association El Habiba et des cercles culturels multiformes tout en animant des émissions à la radio locale de Bougie qui émet six fois par semaine. Après l'Indépendance, il s'est étalé à la formation des classes de solfège. De 1963 à 1986, il a formé de nombreuses promotions de chanteurs et de musiciens dans son conservatoire à Béjaïa. On peut citer le regretté Youcef Abjaoui, Djamel Allam, El Ghazi, Abdelouahab Abjaoui, etc. Cheikh Sadek El Béjaoui a, tout au long de son parcours artistique, participé à de nombreux festivals de la musique classique avec récompense à la clé. Sa dernière participation remonte à 1982 à Tunis où il a représenté l'Algérie au Festival international de la musique classique. On note que la vie de cet artiste hors du commun est intimement liée à l'histoire de la musique andalouse et à celle de Béjaïa qui l'a vu naître et grandir. Malgré le défaut de cette musique qui n'est pas transcrite, il n'en demeure pas moins que la tradition se perpétue jusqu'à nos jours avec ce qu'il a prodigué comme enseignements à ses élèves formés dans son conservatoire de Béjaïa. Peu avant sa mort, cheikh Sadek El Béjaoui avait remis aux représentants de l'Onda un répertoire de qassidate classées patrimoine public parce que il est convaincu que “l'art se donne, il ne se vend pas”.