La hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité et l'érosion continue du pouvoir d'achat ont exacerbé le malaise social. C'est en pompier que le gouvernement, soutenu par la Centrale syndicale, tente de calmer la colère sociale, mais est-ce suffisant ? La contestation des travailleurs de la SNVI, suivie de celle d'une bonne partie de la zone industrielle de Rouiba et de celle des travailleurs d'ArcelorMittal ont fini par obliger le gouvernement à accélérer la procédure des négociations sur les conventions de branches. Une procédure qui devait démarrer automatiquement au lendemain de la réunion de la tripartite, qui avait décidé d'augmenter le SNMG. Mais ni les entreprises publiques, encore moins les entreprises privées, concernées par les conventions collectives, ne semblaient être prêtes à répercuter l'augmentation du SNMG sur les salaires, d'autant plus que la révision annoncée de l'article 87 bis du code du travail ne s'est pas encore concrétisée. Les annonces faites par le ministre du Travail et le patron de la Centrale syndicale, en fin de semaine, sont, donc, à mettre dans le registre de l'appel au calme, après deux semaines d'ébullition du front social. Le relèvement du SNMG bénéficie, dans l'état actuel des choses, aux seuls dirigeants des entreprises dont les salaires sont indexés au SNMG. Les autres catégories des travailleurs ne percevront que des miettes, en raison du fait que les primes sont comprises dans le calcul du salaire de base. La révision de l'article 87 bis devrait se faire dans le cadre du code du travail encore à l'étude. Mais, en attendant, les négociations sur les conventions de branches, qui devraient débuter incessamment, se feront sur la base de la réglementation en vigueur. Or, même si les augmentations devant déboucher sur les négociations de branches ne seraient pas significatives, elles compliqueraient davantage la situation financière des entreprises. L'exemple de la SNVI, qui a fait parler d'elle ces derniers jours, est le plus frappant. Voilà une entreprise souffrant d'un endettement chronique, faisant partie des entreprises publiques qui comptent le plus grand nombre de travailleurs et qui est appelée à revoir à la hausse sa masse salariale. Une équation intenable pour les dirigeants de ce géant aux pieds d'argile. Il en est de même pour les entreprises privées, engagées ces dernières années dans des processus de mise à niveau, pour faire face à la concurrence étrangère, et qui doivent se soumettre aux nouvelles décisions de la tripartite. Le gouvernement reconnaît la difficulté pour les entreprises de dépenser plus pour les salaires. D'ailleurs, c'est l'une des raisons qui l'a poussé à reporter l'application de la mesure visant à faire supporter les allocations familiales par les entreprises. Mais comment, alors, concilier entre nécessité de rentabilité économique et justice sociale ? La hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité et l'érosion continue du pouvoir d'achat ont exacerbé le malaise social. C'est en pompier que le gouvernement, soutenu par la Centrale syndicale, tente de calmer la colère sociale, mais est-ce suffisant ? Si, dans le cas de la Fonction publique, le gouvernement a cédé aux syndicats autonomes, qui ont paralysé des secteurs aussi sensibles que la santé et l'éducation, il ne pourra pas, dans le cas du secteur économique, faire grand-chose, sachant que les entreprises sont dotées d'une certaine autonomie de gestion. Le recul dans l'application de la mesure concernant les retraites anticipées et les allocations familiales constituent des concessions que le gouvernement était forcé de faire, mais cela ne suffira pas de freiner l'érosion du pouvoir d'achat.