RESUME : Maya est réveillée au milieu de la nuit. Son père a appelé d'Allemagne pour parler à sa mère. Cela fait des années qu'il les a quittés. Sa mère le boude, lui reprochant de ne pas être là pour les enfants. Il se met en colère en apprenant qu'elle n'est pas encore rentrée… 2eme partie -Tu n'aurais pas dû me laisser, reproche Maya à sa mère. Papa a appelé et il était furieux après toi. La jeune fille peut entendre sa mère Leïla soupirer et murmurer quelques paroles qui lui sont inaudibles. - Il faut que tu rentres, poursuit Maya. Et que tu l'appelles. Tu le connais maman. Fais vite, s'il te plaît ! - Pourquoi me presserai-je ? rétorque sa mère. Au point où on en est, il y a longtemps depuis qu'il ne me considère plus comme sa femme. S'il a l'intention de me répudier, je ne vois pas l'intérêt qu'il aura vu qu'il n'est pas ici pour vous garder. Sauf s'il charge sa mère de le marier, mais j'en doute, puisque le premier mariage n'a pas réussi, ce sera aussi le cas du deuxième. Surtout qu'il n'a aucunement l'intention de rentrer au bled ! - Maman, tu nous éviterais bien des problèmes en rentrant à la maison, insiste Maya. - Et qui va me ramener à la maison ? Ton oncle n'est pas encore là. À mon avis, il ne va pas venir avant demain matin. Et je ne laisserai pas maman toute seule. Après tout ce temps où nous avons été séparées, nous pouvons prolonger nos retrouvailles ! Maya sait que sa mère n'a pas été heureuse dans son mariage. En plus d'avoir été contrainte à abandonner l'enseignement, elle s'est retrouvée séparée de sa famille après qu'il se soit querellé avec eux. Les parents de Rachid avaient promis à Leïla de le laisser travailler un peu pour la calmer car, tout autant que leur fils, elle refusait cette alliance arrangée. Superstitieux, les parents de Leïla n'avaient pu refuser la demande des marabouts tellement ils craignaient leur malédiction. Même si Leïla est leur unique fille, c'était beaucoup plus pour elle qu'ils avaient eu peur. À bien des faits, il avait été vu au village que les filles demandées en mariage par des marabouts ne purent jamais se marier une fois qu'elles les eussent refusés. Alors, les parents de Leïla avaient forcé les choses. Leïla s'est retrouvée mariée à Rachid, le beau gosse du village qui ne songeait qu'à quitter le pays pour vivre en France ou en Italie. Ses pas “d'aventurier”, après son mariage avec Leïla, l'avaient mené en Allemagne. Rachid s'était rendu chez son beau-frère, s'invitant lui-même, imposant sa présence pendant deux ou trois mois. Karim avait vite compris le but de sont beau-frère. Il n'y aurait vu aucun inconvénient si Rachid projetait d'amener sa famille avec lui, de s'installer avec. Mais Rachid voulait refaire sa vie en Allemagne en oubliant Leïla, Maya et Hakim. Au village, quand il revenait, il les boudait, leur reprochant d'être là, de lui rappeler qu'il avait des responsabilités. Seulement, une fois qu'il est seul, son envie de tout quitter et de céder à la tentation est bien plus forte que ses responsabilités d'homme marié et père deux fois. Si bien qu'en économisant, en travaillant dans la menuiserie familiale, il prépara son départ. Rachid ne quitta pas le pays, parlant peu de ses projets. Au fil du temps, ses proches parents avaient cru qu'il avait abandonné son projet de départ. Il n'y avait que Leïla qui savait que ce départ aurait bel et bien lieu. Quand il partit, il n'a dit au revoir à personne. Il a seulement laissé quelques conditions de conduite à Leïla pour l'avenir. Que des interdits, comme si elle ne vivait pas dans une prison dorée depuis son mariage ! - Maman ? Réponds-moi ! Est-ce que tu m'entends ? - Non… Je… Leïla a été ramenée à la réalité par sa fille. En quelques secondes, elle avait pensé à tout ce qu'a été sa vie depuis son mariage avec Rachid. Et maintenant qu'il était parti et qu'il ne songeait plus à revenir, il voulait encore la faire souffrir, lui rappelant les conditions lui permettant encore d'être sa femme et la mère de ses enfants. - Maman, il faut que tu rentres et que tu l'appelles ! insiste Maya d'une voix mouillée de larmes. Je t'en pris, ne le mets pas plus en colère. Qui sait ce qu'il pourrait faire ? A. K. (À suivre)