Au lendemain du communiqué du département d'Etat américain faisant état de la préoccupation de Washington suite aux arrestations de chrétiens coptes, Hosni Moubarak a appelé hier tous les Egyptiens, chrétiens musulmans et juifs, à l'unité. Silencieux depuis le 6 janvier dernier, date de l'attaque contre les coptes, qui avait fait six morts, le président égyptien est sorti de son mutisme hier en appelant musulmans et chrétiens d'Egypte. “Nous sommes un seul peuple. Nous ne sommes pas des fanatiques, car nous sommes tous les enfants de cette terre et il n'y a pas de différence entre musulmans, chrétiens et juifs égyptiens”, a affirmé Hosni Moubarak dans un discours à Kafr el-Cheikh, au nord du Caire, selon le quotidien gouvernemental Al-Ahram. Il ne faut pas chercher loin pour trouver la raison de cet appel, qui intervient au lendemain de la réaction américaine qui a condamné les attaques contre les chrétiens coptes. En effet, le département d'Etat américain a indiqué samedi que les Etats-Unis sont “profondément préoccupés” par l'arrestation en Egypte de militants venus témoigner leur solidarité aux chrétiens coptes tués le 6 janvier. Dans un communiqué rendu public, Mark Toner, un porte-parole de la diplomatie américaine, a déclaré : “Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par les arrestations.” À partir de là, Washington demande au gouvernement égyptien de “respecter les droits de tous ceux qui expriment pacifiquement leurs opinions politiques et leurs désirs de libertés universelles”, souligne le texte remis à la presse. Même s'il n'a pas évoqué directement la fusillade du 6 janvier, à la veille du Noël copte, au cours de laquelle trois hommes armés ont ouvert le feu sur des chrétiens qui sortaient de la messe à Nagaa Hamadi, dans le gouvernorat de Qena, à 600 km environ au sud du Caire, tuant six chrétiens et un policier musulman, Hosni Moubarak a appelé tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, à “resserrer les rangs (...) afin que la désunion ne donne pas de prétexte à tous ceux qui tentent de semer la discorde entre eux”. Criant à la main de l'étranger, le raïs affirme “refuser toute querelle confessionnelle et tout fanatisme, d'autant plus que certains à l'étranger tentent d'approfondir le fossé entre musulmans et chrétiens”. Pour rappel, l'attaque en question a provoqué la colère des habitants de Nagaa Hammadi, qui accusent les autorités de vouloir étouffer les tensions confessionnelles en Egypte. Cette fusillade a également provoqué de nombreuses protestations à l'étranger. Dans un signe d'apaisement, la police égyptienne a relâché samedi des militants interpellés la veille, et qui étaient venus témoigner leur solidarité aux familles des chrétiens tués le 6 janvier dans une fusillade en Haute-Egypte. Trente militants et blogueurs avaient été arrêtés après leur arrivée à Nagaa Hamadi (à 600 km environ au sud du Caire).