Le raïs promet monts et merveilles, comme ses rivaux, qui ont l'avantage d'être anonymes. L'Egypte, en campagne électorale, veut donner l'illusion que les présidentielles du 7 septembre seront vraiment pluralistes. Le Caire foisonne de portraits et slogans des dix candidats en lice mais la propagande pour le président sortant, Moubarak, 77 ans, est la plus visible. Tout est dédié pour son 5emandat, présenté comme l'ultime chance pour le pays de sortir des cycles récurrents de ses crises. Le raïs promet monts et merveilles comme ses rivaux anonymes et pour la plupart du même âge que lui. La démocratie et la liberté sont ainsi les priorités de son 5e mandat, alors que le pays vit sous l'état de siège depuis 1978, année de l'assassinat de son prédécesseur. Tout de suite après, vient la lutte contre le chômage et la hausse des salaires, un site internet pro-Moubarak. Moubarak a promis dans son programme 4 millions de nouveaux emplois sur six ans, 100% d'augmentation des plus bas salaires de la Fonction publique et la fin prochaine de l'état d'urgence en vigueur depuis un quart de siècle. Tous les partis d'opposition, participant ou non à ce premier scrutin présidentiel multipartite, ont exigé la levée immédiate de l'état d'urgence et d'autres dispositions jugées anti-démocratiques. Le raïs, assuré de l'emporter face à des candidats insignifiants et surtout devant la mobilisation de l'administration et ses divers et multiples outils, ne s'est pas empêché de faire appel au pape copte Chenouda III, qui a exhorté sa communauté à voter pour le président sortant. L'intervention du religieux a fait grincer les dents des réformistes de la minorité chrétienne, mais la majorité des coptes lui ont donné raison. Avant d'entreprendre un voyage aux Etats-Unis, le patriarche a multiplié les déclarations hagiographiques en faveur de Moubarak, qualifié de personnage remarquable et de leader épris de sagesse et de tolérance. Toute la hiérarchie de cette église, qui compte officiellement 6 millions de fidèles et 10 millions, selon elle, sur 72 millions d'Egyptiens, lui a emboîté le pas. Selon des proches du pape, les coptes voteront pour Moubarak parce que les autres candidats, tous musulmans comme l'exige la Constitution, pourraient être moins tolérants. En dents de scie depuis les années 1970, les relations entre les coptes et le régime sont aujourd'hui plus apaisées. En janvier dernier, Moubarak a souligné que le chrétien n'est pas minoritaire en Egypte, c'est un Egyptien d'origine et de sang. Des heurts sanglants entre coptes et musulmans surviennent cycliquement en Haute-Egypte. De plus, des rumeurs de conversions forcées de jeunes filles coptes, relayées par la presse locale, enflamment périodiquement les deux communautés. Le Caire s'engage à libérer les terres palestiniennes occupées Un émissaire égyptien parlant au nom du président Hosni Moubarak a affirmé dans une allocution au Parlement palestinien que son pays s'engageait à œuvrer main dans la main avec les Palestiniens pour la libération dans tous les territoires occupés par Israël depuis 1967. Le général Souleimane, chef des services égyptiens, s'est montré confiant dans le fait que l'Etat palestinien prendra la place qui lui revient dans la nation arabe. Il a aussi affirmé que l'Egypte œuvrait de concert avec les Palestiniens pour soit assurée la continuité territoriale et humaine, entre Gaza et l'Egypte, se référant au terminal de Rafah, point de passage entre l'enclave palestinienne et Israël. Les Palestiniens, soutenus sur ce point par l'Egypte, réclament la fin de toute présence israélienne au terminal alors que l'Etat juif exige d'avoir un contrôle sur les personnes et les marchandises entrant dans à Gaza depuis l'Egypte. Des représentants des principales groupes palestiniens que le général Souleimane a rencontrés à Gaza lui ont fait savoir qu'ils considéreraient le retrait israélien tronqué si une présence israélienne était maintenue au terminal de Rafah. Le Fatah, Hamas et Djihad islamique sont fermes. Pour eux, le retrait serait incomplet si un seul soldat israélien reste aux points de passages. Le patron des services égyptiens doit aborder la question du terminal de Rafah lors des discussions qu'il doit avoir aujourd'hui en Israël avec le Premier ministre Ariel Sharon et le ministre de la Défense Shaoul Mofaz. Le gouvernement israélien avait approuvé un accord conclu avec l'Egypte pour le déploiement de 750 gardes-frontières égyptiens le long de la frontière entre l'Egypte et le sud de Gaza après le retrait de l'armée israélienne, notamment pour lutter contre la contrebande d'armes. Sharon souhait-il impliquer le Caire dans le terminal de Rafah ? D. B.