Il y en a qui se délectent de se frotter via l'objectif d'une caméra ou d'un appareil photo à la misère des autres, que l'aridité et la pauvreté inspirent, invitent au voyage et à l'évasion. Cela s'appelle de l'ethno-tourisme. Il faut être un fada d'exotisme et avoir une sacrée bonne dose d'imagination pour apprécier la vue d'enfants miséreux, de guenilles habillés et nu-pieds transportant des ballots de bois sur leur dos. Ces enfants africains ont fait énormément de peine à un chercheur algérien qui a eu du mal à croire que cette forme de vie aussi précaire et archaïque existait encore. Car, à Bahar Dar, une petite ville éthiopienne située au bord du lac Tana, on brûle du bois pour se chauffer et se nourrir. Avant d'être acheminé vers les 37 îles abritées par ce lac d'origine volcanique, le bois est transporté en tankwa (petite embarcation en bois). Sur bon nombre de ces îles sont bâtis des monastères que les touristes viennent visiter. Ils viennent aussi pour les nombreux sites naturels et historiques. Or, beaucoup, malgré leur envie de vanter la beauté des lieux, avouent la difficulté de se déplacer à pied dans cette contrée pour aller voir les chutes du Nil bleu (les chutes Tissisat) ou encore les monastères de Kebran Gabriel et Uhra Kidan. Normal, à Bahar Dar, les voitures sont une denrée rare. Et pour cause. Son économie basée sur une agriculture souvent touchée par la sécheresse, l'Ethiopie figure parmi les pays les plus pauvres au monde avec, en 2006, 38,7% de la population vivant sous le seuil de la pauvreté. Bonnes vacances quand même.