Les services de sécurité recommandent l'implication citoyenne pour notamment signaler toute présence suspecte d'enfants dans les milieux de prédilection. Les actions de sensibilisation doivent être multipliées tant dans les écoles que sur la place publique. Enlèvements, abus sexuels (pédophilie), trafic d'organes, fugues, disparitions, meurtres avec préméditation et agressions diverses, les enfants continuent de subir les affres des criminels en Algérie sous le regard placide d'une société démissionnaire à tous points de vue. Les chiffres de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales donnent froid dans le dos et interpellent les consciences : plus de 6 000 mineurs, dont près de 4 000 en milieu rural et 2 000 autres en milieu urbain, ont été, durant l'année 2009, victimes de crimes. En sus de ceux impliqués dans le crime, y compris dans cette situation, les enfants continuent de faire l'objet de détournement par des associations de malfaiteurs et d'individus sans scrupules qui outrepassent les lois de la nature et qui portent atteinte à la vie de jeunes enfants sous le couvert d'une protection contre des compensations et des récompenses. Et nul n'est à l'abri, quand on sait que des enfants d'entrepreneurs, d'artisans, de bergers, de simples fonctionnaires et même des enfants issus de zones urbaines sensibles (ZUS) ou de zones rurales sensibles (ZRS) ont fait l'objet d'enlèvements ou de tentatives d'enlèvement en 2009. Les criminels ont même simulé des kidnappings avec la complicité des otages, à l'image de certaines affaires traitées et élucidées par les gendarmes et les policiers. Pour quelques poignées de dinars, la vie d'un enfant s'envole et, derrière, tout une famille qui plonge dans la terreur et le deuil. Les services de sécurité, qui ont enquêté sur plusieurs affaires liées aux mineurs, ont abouti à l'arrestation de plusieurs personnes, voire au démantèlement de réseaux de trafic humain dans notre pays. De la déperdition scolaire, des mauvais résultats scolaires, de la menace familiale, de la tentation, mais aussi du troc – de l'argent contre un organe –, les criminels pistent leurs proies et les “recrutent” sur le tas avant de les exploiter, sinon d'abuser sexuellement d'elles avant de les jeter en pâture ou de les laisser pour mortes. Du banditisme au terrorisme, mais, surtout du banditisme, les enfants payent le prix au quotidien et la responsabilité des parents est souvent déterminante. Actions de sensibilisation et de proximité de la Sûreté nationale, institution de cellules d'écoute et de prise en charge avec des psychologues et des universitaires par la Gendarmerie nationale, les services de sécurité ont établi, durant ces dernières années, des plans d'action à même de juguler ce phénomène qui prend de l'ampleur et engagent des parades à même d'intercepter les criminels avant l'irréparable. Mais, souvent, les services de sécurité sont pris de court, notamment dans les zones rurales où les criminels jouissent de grandes complicités. Suite à quoi, le juge des mineurs intervient, en guise de dernière ligne droite, pour réparer le délit ou condamner le crime. L'absence d'aires de jeux et de distraction, de transport scolaire, de caméras de surveillance devant les écoles et d'une prise en charge des besoins des enfants en temps réel sont, entre autres, les principales causes d'abus sur les mineurs qui font face à une rare violence. Mais il y a aussi la fréquentation des cybercafés non encore légiférée et la connexion non contrôlée par les parents à Internet qui amplifient ce fléau dans notre société. En ce sens, une étude des services de sécurité révèle que 90% des enfants âgés entre 12 et 18 ans utilisent le web, soit pour discuter on line (70%), soit pour effectuer des travaux sans être assistés par leurs parents. Mais aussi, 80% des enfants âgés entre 8 et 14 ans sont attirés par les jeux sur la Toile du web. Et les conséquences ne sont que désastreuses en fin de course. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, interrogé, il y a quelques mois, s'est vivement opposé contre l'abolition de la peine de mort quand il s'agit d'atteinte à la dignité des mineurs, en général, et des enlèvements, en particulier. Les pouvoirs publics ont, depuis, durci la législation. Y compris contre les mineurs auteurs de crimes et de délits. Ces derniers, selon la Gendarmerie nationale, en plus de la présence obligatoire des parents, doivent être systématiquement assistés d'un psychologue lors de l'interrogatoire. Un travail de longue haleine qui nécessite l'implication de tous dès qu'il s'agit d'un enfant, selon la Sûreté nationale, qui estime que le citoyen devra davantage s'impliquer, notamment pour signaler toute présence suspecte d'enfants dans les milieux de prédilection ou de tentative d'enlèvement.