L'Ituri, district du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), dont le riche sous-sol aiguise l'appétit de pays voisins comme l'Ouganda et le Rwanda, est plongé depuis 1999 dans une spirale de violences interethniques. Quelque 50 000 personnes ont déjà trouvé la mort, essentiellement des civils, et 500 000 autres sont déplacées. Mardi, une dizaine de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, ont été tuées lors de l'attaque de leur village, à 20 km de Bunia, par une milice rivale. Grand comme le Rwanda et le Burundi réunis, l'Ituri est sous la coupe réglée de milices rivales qui se partagent ses richesses. L'or, le pétrole, le bois et l'uranium, dont regorge cette région fertile, suscitent de nombreuses convoitises, notamment du Rwanda et de l'Ouganda, ce dernier pays étant souvent accusé de jouer en Ituri à la fois le rôle du pompier et celui du pyromane. La population de l'Ituri est évaluée entre 4,5 et 6 millions de personnes. Les conflits constants et le mouvement des populations déplacées rendent difficile toute estimation plus précise. Les récents affrontements ont accentué la rivalité entre les deux principales ethnies de la région, les Hemas, minoritaires, et les Lendus, majoritaires. Un antagonisme qui rappelle celui existant au Rwanda et au Burundi entre Hutus majoritaires et Tutsis minoritaires. À l'origine des disputes interethniques en Ituri, figurait la question des terres. Les deux groupes vivent de l'agriculture, mais les Hemas possèdent aussi du bétail et sont souvent plus riches et mieux éduqués que les Lendus, ayant été favorisés par les Belges à l'époque coloniale. Traditionnellement, les milices étaient armées de flèches et de lances, mais depuis la fin des années 1980, divers groupes armés ont vendu leurs armes à la population de l'Ituri. En plus de l'abondance d'armes à feu dans la région, la présence d'acteurs étrangers a également exacerbé les conflits ethniques.Une force multinationale d'urgence, mandatée par les Nations unies, a été déployée par l'Union européenne et placée sous commandement français début juin à Bunia, le chef-lieu de l'Ituri, afin de sécuriser la ville. Son mandat s'achève le 1er septembre. À cette date, la mission de l'Onu en RDC (Monuc), renforcée en hommes et avec un mandat lui permettant l'usage de la force pour protéger les civils, doit prendre le relais. Avant l'arrivée de la force internationale, Bunia était contrôlée depuis le début mai par les miliciens de l'Union des patriotes congolais (UPC, proche du Rwanda), majoritairement hémas.