Le secrétaire général du Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT) était, hier, l'invité de l'émission socioéconomique de la Chaîne II. Dans son intervention, qui a porté essentiellement sur l'état des lieux du projet et son rôle dans l'intégration économique des pays africains, Mohamed Ayadi a fait le tour de l'historique de cette transsaharienne dont l'idée remonte à bien loin, en 1860. “En 1963, la charte de l'ONU disposait de l'intégration économique des Etats africains qui avait à cette époque tendance à reconstituer, notamment les échanges maghrébins. Il s'agissait aussi d'une intégration politique qui ne pouvait se faire sans une intégration économique à travers cette infrastructure. D'ailleurs, pour l'OUA, il s'agit d'une priorité pour retrouver ces échanges. L'Algérie en tant que chef de file des pays africains a pris le projet en main. Cela dit, l'idée de réaliser une route transsaharienne remonte en 1860 en France pour la réalisation d'une voie ferroviaire exclusivement pour le transport militaire. Pour la France, il fallait atteindre la boucle du fleuve Le Niger en allant d'Oujda à Adrar en passant par Reggane vers le Niger”, dira-t-il. Le secrétaire passera ensuite à la présentation de ce mégaprojet qui liera Alger à la capitale du NigeriaLagos, auquel se sont joints d'autres pays à l'instar du Nigeria et du Tchad. “Il s'agit donc d'un axe Alger-Lagos. Au départ, il y avait l'Algérie, le Niger le Mali et la Tunisie, rejoints ensuite par le Tchad et le Nigeria. Il y a eu donc une étude de l'ONU pour le tracé qui favoriserait en premier lieu les populations des six pays. Les travaux ont commencé à El-Goléa où sont réalisés 1 500 km, sachant qu'en 1960, il n'existait que 300 km contre 4 000 km au lendemain de l'Indépendance et de 30 000 km aujourd'hui sur 80 000 km à accomplir. Sur notre territoire, il reste 350 km à revêtir et sur 2 000 km 1 200 sont terminés. Au Nigeria, 1 200 km sont complètement revêtus en deux voies (autoroute). Au Tchad, où il y avait zéro kilomètre de revêtu, aujourd'hui 4 200 km sont réalisés sur cet axe Alger-Lagos”, indiquera-t-il. Mohamed Ayadi est revenu sur les objectifs de cette transsaharienne. Pour lui, la priorité est de désenclaver les régions, mais aussi d'offrir l'occasion de prospérité à toutes les populations. “Pour nous, il s'agit de désenclaver les régions notamment du Sud, permettre aux autorités d'intervenir plus rapidement et efficacement en cas d'urgence. Il s'agit aussi de rendre le territoire plus clément et donner du travail aux populations”, ajoutera-t-il. Le secrétaire général de la CRLT a évoqué le financement de ce projet, mais aussi les soutiens politiques qui ont permis sa réalisation. “Il existe beaucoup d'institutions financières qui ont été au chevet de ce projet ; la Banque mondiale et la Banque islamique, entre autres. Il y a aussi l'OUA ; cette dernière a assuré un soutien politique de taille. Il y a eu d'ailleurs de nombreuses réunions dans ce sens qui nous ont permis de partager les expériences et d'aborder au mieux cette transsaharienne. Il y a eu aussi les Nations unies qui se sont impliquées et ce, afin de permettre à ses missions de mieux transporter ses produits, et ce, à moindre coût”, dira-t-il et d'enchaîner que chaque pays aura à payer les frais de cette route qui traversera son territoire. Mohamed Ayadi fera savoir, à cette occasion, que 40 000 km ont été réalisés en 40 ans. “Ce qui est plus important, c'est de s'occuper du développement de certaines régions frontalières. Nous nous battons beaucoup dans ce sens. Ce qu'il faut, c'est de trouver les choses qui changeront la situation économique (agriculture, élevage, etc.). Il faut aussi trouver l'eau et obliger le Mali et le Niger à travailler sur un même projet d'intégration. Ce projet est un moteur de développement et il faut créer une instance pour se charger d'améliorer les échanges commerciaux”, dira encore Mohamed Ayadi. Enfin, Ayadi évoquera les actions de son comité qui, selon lui, a l'avantage de “mener un travail de sensibilisation permanent dans différents pays. Nous sommes les représentants au niveau des institutions internationales, un exemple de sérieux. C'est un projet pour les démunis”, conclut Mohamed Ayadi.