Le président équatorien Rafael Correa n'aurait pas tort, lui qui au lendemain du terrifiant tremblement de terre d'Haïti, a critiqué “l'impérialisme” de l'aide apportée à ce pays, suggérant qu'une partie de l'assistance faite au pays dévasté par le séisme revenait à ses donateurs sous forme de budgets militaires ou de coûts d'organisation. “Il y a une grande part d'impérialisme chez les donateurs”, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec le président haïtien René Préval, à Port au Prince. “Cela va à des questions militaires, cela va aux ONG. Nous voulons que ce que nous pourrons apporter, nous, les pays de l'Unasur, que ce soit beaucoup ou peu, aille au peuple haïtien”, a ajouté, sans citer de cas précis, M. Correa, dont le pays occupe actuellement la présidence tournante de l'Unasur (Union des nations d'Amérique du Sud). Pour beaucoup de Latinos, les Etats-Unis préparent une occupation à long terme en Haïti. Avec le déferlement des militaires américains en Haïti, qui prévoit 20 000 hommes sur terre et dans les navires ancrés à proximité, un officiel américain a même indiqué que Washington préparait une occupation de longue durée de la nation caribéenne pauvre et dévastée par le tremblement de terre. “Nous sommes ici à long terme, ce n'est pas quelque chose qui va se résoudre rapidement et facilement”, a déclaré l'ambassadeur Alejandro Wolff, le représentant permanent des Etats-Unis aux Nations unies, lors d'un meeting sur l'aide à la nation sinistrée où étaient représentés, en plus des Etats-Unis, le Canada, la France et l'Uruguay. Dans une déclaration précédente aux Nations unies, le même Wolff avait dénoncé les gouvernements du Nicaragua, de la Bolivie et du Venezuela pour avoir accusé Washington d'exploiter la tragédie d'Haïti pour imposer une occupation militaire du pays. Or, sur place, en Haïti, la colère et les protestations ont fusé contre “la militarisation” par les Américains de la réponse à une catastrophe dont le bilan estimé se monte à 200 000 morts, sans compter 250 000 blessés et des millions de sans-abris. Des équipes d'aide humanitaire et médicale ont accusé les militaires américains, qui ont pris unilatéralement le contrôle de l'aéroport international et des facilités portuaires, d'avoir pour premières priorités le déploiement des troupes américaines et l'évacuation de leurs ressortissants. Le président René Préval a cédé tout le pouvoir opérationnel au Pentagone. Il reste que des médias rapportent un sentiment de ressentiment contre “la nouvelle occupation américaine” et que des troupes américaines vont inévitablement être utilisées pour supprimer les protestations et la résistance.