À travers cette action spectaculaire, les médecins entendaient forcer la main aux pouvoirs publics qui font la sourde oreille à leurs revendications. Comme prévu, les praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique ont tenté, hier, de sortir dans la rue. Réunis vers les coups de 10 h, à l'intérieur de l'hôpital Mustapha-Pacha, ils pensaient que rien ne pouvaient entraver la marche, même pas un soleil inhabituel pour cette période de l'année. Midi, après avoir observé un rassemblement, les présidents des deux syndicats, à savoir le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), en grève ouverte depuis plus de deux mois, ont pris la parole pour dicter à leur base les démarches à suivre. “Nous allons mener notre action jusqu'au bout et rien ne nous arrêtera, ni la répression ni la matraque”, clame le Dr Youcefi. Le Dr Lyes Merabet enchaîne : “Si nous sommes manipulés c'est par nos misérables fiches de paie et la cherté de la vie.” Les médecins grévistes ont entamé leur marche en faisant le tour de l'hôpital, en portant des banderoles sur lesquelles on peut lire : “On est des praticiens et non des chiens” ou “Nous ne sommes pas des chiens mais la crème de la société.” Arrivés devant la porte d'entrée de l'hôpital au niveau du Champ de Manœuvre, un énorme dispositif de sécurité les attendait. Face au mur de policiers, les protestataires hurlaient : “Nous sommes des praticiens et non des terroristes”, tout en tentant de forcer le cordon des agents de sécurité. Un bras de fer entre les deux parties s'était engagé où plusieurs médecins qui ont réussi à passer au-delà du rideau de sécurité ont été maltraités. Durant l'affrontement, trois médecins avaient été interpellés par les forces de l'ordre, deux hommes et une femme. Cette tentative d'intimidation n'a pas découragé les grévistes, bien au contraire, elle les a motivés davantage à récidiver quatre fois dans l'espoir de conduire leur action jusqu'au bout. Des sifflements et des cris fusaient de partout. Les médecins brandissaient des cartons rouges en signe de colère et clamaient : “Barkat, tu es hors jeu !” Pour que la situation ne dégénère pas, les présidents de syndicat et les responsables de la police les ont conviés à rentrer au poste de police pour discuter et tenter de trouver un terrain d'entente. À leur sortie du poste de police, les deux médecins syndicalistes interpellés rejoignent leurs membres. “Les médecins interpellés ont été libérés sans aucun PV”, a précisé le Dr Merabet. Les deux hommes n'avaient pas omis de remercier leurs collègues de leur solidarité et détermination avant de se disperser dans le calme. Par ailleurs, les deux syndicats se sont d'ores et déjà fixé rendez-vous mercredi prochain devant le ministère de la Santé.