la lutte contre ce fléau ne peut se limiter à la seule démarche répressive, ni à la hausse du nombre de radars ou de barrages de police et de Gendarmerie nationale, même si la sanction, le travail de contrôle et la prévention sont nécessaires. En Algérie, les secteurs chargés de la sécurité routière continuent à travailler séparément, alors que le règlement du problème de “délinquance routière” renvoie à une logique forcément intersectorielle, avec un seul chef d'orchestre. C'est l'une des principales conclusions dégagées, hier, lors du forum d'El-Moudjahid. Pour le directeur du transport urbain au niveau du ministère des Transports, M. Abdelnacer, les accidents de la route ont atteint un niveau effrayant, surtout dans les villes. En 2009, dira-t-il, la capitale a comptabilisé à elle seule 118 accidents pendant la journée, faisant 22 morts. Pourtant, il signalera que les statistiques révélées sont “partielles”, donc loin d'illustrer l'ampleur des “délinquances routières” et des dégâts. Selon lui, l'évaluation de la sécurité routière ne se limite pas aux “seuls accidents enregistrés” (près de 4 000 morts par an). Il donnera pour preuve l'information livrée, il y a quelque temps, par l'Union des assurances algériennes, qui établit 300 000 accidents par an en Algérie, “du petit bobo à l'accident mortel”. “Le problème de l'insécurité routière ne réside pas au niveau du seul secteur des transports”, a fait savoir M. Abdelnacer, en précisant que ce n'est pas une “fuite des responsabilités”, mais une volonté de “tirer le bénéfice des expériences (des pays développés)”. Comme ceux qui lui succéderont du Centre national de la prévention et la sécurité routières, de la Gendarmerie nationale et de la DGSN, le représentant du ministère des Transports a reconnu que la question de la sécurité des routes est liée essentiellement au facteur humain (le conducteur), ensuite à l'état du véhicule et enfin à l'environnement. La rencontre du Centre de presse d'El-Moudjahid a mis en exergue les efforts fournis par les pouvoirs publics, sans négliger cependant le travail qui reste à faire, notamment en direction de l'usager. Dans ce cadre, il a été fait état du nouveau code de la route, entré en vigueur le 1er février dernier, qui est décidé à mener la guerre aux chauffards irrespectueux de la loi. La conférence-débat a également montré que la lutte contre ce fléau ne peut se limiter à la seule démarche répressive, ni à la hausse du nombre de radars ou de barrages de police et de Gendarmerie nationale, même si la sanction, le travail de contrôle et la prévention sont nécessaires. En effet, toute politique, toute stratégie et toute culture routière sont fondées sur un examen global de la question. Des intervenants ont ainsi abordé des contradictions ayant un impact certain, à l'exemple du parc automobile de 5,6 millions de véhicules, alors que les infrastructures ne suivent pas (insuffisance des parkings, de trémies…). D'autres ont parlé de l'existence du vaste réseau routier (plus de 108 000 km de routes), qui assure près de 85% du volume des échanges, mettant en avant la prédominance du mode de transport routier sur les autres modes. Ce réseau, censé s'adapter aux différents plans (d'urbanisation, d'aménagement du territoire…) a même “généré des conséquences négatives pour la société, à savoir les accidents de la route”, selon la responsable du tout nouveau Centre des permis de conduire. Sans réduire la responsabilité du conducteur, ni les volets de la sensibilisation et de la formation, il a été admis, lors du débat, qu'un ensemble d'éléments sont à prendre en compte, à savoir la responsabilité du piéton, les difficultés auxquelles sont confrontés les conducteurs (dégradation de la chaussée, existence de “dos de chameau” au lieu de dos d'âne, problème d'éclairage et de signalisation…), l'état des villes, la complaisance de certaines structures chargées du contrôle à différents niveaux, le recul du rôle des APC, les carences dans la recherche et l'absence d'anticipation, y compris dans l'accès aux soins des victimes vivantes, en particulier les soins de réadaptation. C'est dire l'urgence de lancer un débat sur l'état des lieux avec tous les acteurs concernés.