Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le député de Béjaïa, Tarek Mira, et celui de Bouira, Ali Brahimi, ont lancé un appel pour la levée de l'état d'urgence proclamé depuis le 9 février 1992. Les deux députés s'interrogent sur l'utilité de l'état d'urgence, alors que le terrorisme est déclaré vaincu. “Depuis 18 ans, cette situation d'exception dure, alors que différentes lois amnistiantes ont été décrétées et votées. De résiduel, le terrorisme est déclaré vaincu grâce à ces instruments juridiques et politiques. Dès lors, l'on s'interroge sur la perpétuation aussi désuète qu'illégale”, lit-on dans le communiqué. Les deux parlementaires rappellent que la durée de l'état d'urgence est limitée par la Constitution et que son renouvellement doit au préalable avoir le quitus du Parlement. “En effet, la Constitution limite l'usage de l'état d'urgence à une durée déterminée et en conditionne le renouvellement par l'aval du Parlement. Démarche qui n'a jamais été entreprise. Une fois de plus, l'Algérie vit dans l'anticonstitutionalité qui a entaché l'ensemble des processus de légitimation mis en place depuis l'Indépendance”, ajoute le communiqué. Pour Tarek Mira et Ali Brahimi, l'état d'urgence a réduit les libertés publiques et a détruit les aspirations soulevées depuis l'avènement du multipartisme en1989. “Combiné au contrôle accru du champ politique et associatif par le fait du prince, l'état d'urgence aggrave le phénomène et annihile les espérances soulevées par l'ouverture démocratique de 1989”, lit-on encore dans le communiqué. La corruption n'a pas été en reste puisque les rédacteurs du communiqué l'imputent, en partie, à l'état d'urgence qui, selon eux, engendre la corruption. “À l'ombre de ce dispositif, la corruption s'amplifie dans l'impunité totale tandis que l'image de l'Algérie dans le concert des nations rechute… L'ambivalence née de la contradiction entre le terrorisme déclaré vaincu et le maintien de l'état d'urgence n'a pu faire changer définitivement la perception internationale à l'endroit de l'Algérie comme le montre l'humiliante place réservée à notre pays sur la liste noire du transport aérien mondial. L'indice de risque élevé pour l'investissement étranger en Algérie confirme malheureusement ce constat”. Enfin, les deux députés, tout en remettant en cause ce mode de gestion, ajoutent que tout progrès repose sur la démocratie. “Le progrès et le développement harmonieux ne peuvent se passer de la démocratie. La levée de l'état d'urgence est une exigence éthique, une nécessité politique et une option patriotique”, conclut le communiqué.