La Sûreté nationale a, de nouveau, annoncé que la police du métro est prête. On allait oublier ! Mais puisqu'on nous rappelle que quatre cent agents spécialisés dans la voie publique souterraine sont déjà formés, nous sommes en droit de nous demander : mais qu'est-ce qu'ils font en attendant l'arrivée du fameux “métropolitain” ? Ou plutôt qu'est-ce qu'ils feront, puisque le métro n'est même pas annoncé ? Le propos n'est pas de reprocher à la DGSN d'avoir pris les devants sur une question sécuritaire. D'ailleurs, depuis vingt-cinq ans qu'on attend le “tube”, la garde rapprochée de ce serpent de mer est plutôt en retard. Si la Sûreté nationale avait respecté les délais originels du métro, beaucoup d'agents de la police des métros seraient actuellement à la retraite. Vous rendez-vous compte ? Ils auraient mené une vie “active” de “Zangra”, ce soldat du “Désert des Tartares”, écrit par Dino Buzzati et talentueusement immortalisé par Jacques Brel. Affecté à un poste avancé aux confins du désert, il passa son existence à attendre que l'ennemi “qui le fera héros” surgisse du néant et… à recevoir d'absurdes promotions de grade sans avoir jamais vu un ennemi. La Gendarmerie nationale a, elle aussi, conçu une police de l'autoroute, chargée de lire les radars qui balisent les tronçons épisodiquement livrés à la circulation. Aux dernières nouvelles, c'est au projet de métro que les polices s'intéressent. Et au projet d'autoroute. À y réfléchir, les responsables de la Sécurité nationale auraient été mieux inspirés de commencer par monter une police des projets. Il y a plus de méfaits dans l'étude et la réalisation de nos infrastructures qu'au cours de leur usage durant leur vie entière, celle-ci se prolongeant rarement jusqu'à la vieillesse. Qu'est-ce que, en effet, les larcins de quelques dizaines de futurs pickpockets devant les butins faramineux qu'on soupçonne être dérobés par des dirigeants de grands projets ? Si en plus d'omettre de construire une police des projets en cours de réalisation – de financement à vrai dire, parce que la réalisation ne suit pas toujours la dépense –, on se hâte de recruter et former un personnel de sécurité qui ne fera qu'attendre avec nous, on n'aurait fait qu'ajouter une couche à cette accumulation géologique de surcoûts d'un mythique métro. Mais que le responsables de la police ne se sentent pas seuls à avoir mis la charrue avant les bœufs. À chacun son rôle, au demeurant. Les gestionnaires du métro qui n'existe pas ont investi dans un… musée, réalisant ainsi un record de vitesse historique en faisant passer l'objet de leur mission, sans escale, du bureau d'études au musée. On ne nous dit pas si les responsables de la culture ont pensé à former des conservateurs pour cette galerie d'antiquités qui n'ont eu qu'une virtuelle existence. Mais tout concorde à conforter le sentiment commun des Algérois : leur métro n'est pas encore né que c'est déjà une vieille histoire. M. H. [email protected]