La bataille à l'intérieur du FLN, opposant les partisans de Benflis à ceux de Bouteflika, n'est pas prête, manifestement, de connaître son épilogue. Bien au contraire, chaque week-end qui passe apporte à l'opinion, qui assiste abasourdie à ce déballage, son lot de rebondissements, montrant ainsi que les deux camps tiennent, pour le moment, fermement à leurs positions. Jeudi dernier, c'est le complexe touristique Les Andalouses qui s'est transformé en champ de bataille, à la grande déception des estivants venus y trouver un brin de farniente. Les partisans de Si Affif qui ont débarqué sur les lieux pour y tenir des assises régionales, en prévision du VIIIe congrès bis, ont trouvé sur place, les partisans de la direction actuelle qui leur a réservé “un chien de leur chienne”. Ce qui s'est produit, ce week-end, sur la côte oranaise n'est pas nouveau ; c'est une répétition, presque la même des précédents épisodes, notamment la bagarre qui a eu dernièrement pour théâtre la salle Ibn Khaldoun, à Alger, où les partisans de l'actuel numéro un du FLN ont pu torpiller un regroupement des “bouteflikistes” “rameutés” par Djamel Ould Abbès, agissant sous le couvert de l'Union médical algérienne, qu'il préside, d'ailleurs, depuis des lustres. Ce premier face-à-face, à un jet de pierre du département de Yazid Zerhouni, fait suite à l'opération “doberman” qui a vu nombre de mouhafadhas prises d'assaut, à l'instigation de Abdelkader Hadjar. Et au vu de l'état d'esprit qui caractérise les deux antagonistes, qui n'ont pas hésité à faire usage d'armes blanches et d'objets contondants aux Andalouses, le pire serait à craindre dans les jours à venir. Précisément, à l'occasion de la marche de protestation que comptent bien organiser, jeudi prochain, les partisans de la direction actuelle, pour clamer haut et fort la légitimité des travaux du VIIIe congrès. Des sources proches du FLN laissent même entendre que c'est Ali Benflis himself qui prendra la tête de la manifestation qui se déroulera dans la capitale. Mais de l'autre côté, Yazid Zerhouni, qui ne tient pas du tout à prendre le risque d'assister à une démonstration de force des partisans de l'ex-Chef du gouvernement, est là pour veiller au grain et rappeler, à qui veut bien l'entendre, que les marches sont interdites dans les rues d'Alger. Une interdiction dont les militants du FLN n'ont cure. Du moins, si l'on se fie à l'esprit des travaux des cadres du parti ce week-end à Béjaïa. “Nous allons marcher jeudi et advienne que pourra”, lance, comme un défi à Zerhouni, un participant à cette réunion des cadres du parti en Kabylie. Il y aura vraisemblablement de la violence dans l'air, ce jeudi à Alger. À moins que l'une ou l'autre des parties n'en vienne, dans l'intervalle, à reconsidérer sa position. Mais, affrontements ou pas, jeudi prochain, ce qui se passe actuellement à l'intérieur et autour du FLN donne, d'une certaine façon, le ton de ce que sera la bataille pour la présidentielle 2004, une présidentielle à couteaux tirés et pour laquelle les amis de Bouteflika sont assurément prêts à faire usage de tous les expédients pour permettre au clan de Oujda de garder les rênes de la République. N. S.