Il y a quelques jours, la famille Keddache de Lakhadria venait d'apprendre que sa petite Nihal, à peine âgée de 8 ans, qui a trouvé la mort au moment du tremblement de terre du 21 mai dernier, a été dépossédée de son statut de victime du séisme. L'absurde nouvelle que le procureur de la République avait lui-même annoncée au père de la victime a fait le tour de la ville en moins d'une heure. En effet, l'abus d'une telle décision a jeté l'émoi sur toute la population de l'ex-Palestro, qui ne comprend pas comment une telle bavure a pu être commise par l'administration et les services compétents. Un acte qui confirme, une fois encore, si besoin est, à quel point le citoyen algérien est méprisé dans son pays. Pour rappel, la petite Nihal avait trouvé la mort lors du séisme du 21 mai dernier. Elle jouait à proximité d'un mur mal construit près de chez elle, au quartier de la cité Cnep, lorsqu'elle reçut un tas de décombres sur la tête au moment où la terre a tremblé. Le coup était si fatal pour la petite Nihal, qui n'a pu supporter la forte charge des débris qui se sont déversés sur son corps frêle, qu'elle laissa la vie sur le coup. Transportée en urgence vers l'hôpital de la ville, le médecin de garde n'avait fait que constater le décès de la petite Nihal, mais a dû, en revanche, commettre une monumentale erreur sur le certificat de décès de la victime qui s'avéra plus tard préjudiciable. En effet, dans la précipitation et la cohue des blessés du séisme qui affluaient vers l'hôpital à ce moment-là, le médecin avait mentionné 19h30 au lieu de 20h sur le certificat de décès qu'il avait établi pour les parents de la victime. Ce qui revient à dire que la petite Nihal a trouvé la mort avant et pas durant le tremblement de terre qui est survenu à 19h44 précises, rappelons-le. Le lendemain, toute la presse avait fait état de la mort de la fillette de Lakhdaria, qui est l'unique victime de toute la wilaya de Bouira et dont le nom avait été mentionné dans tous les rapports officiellement établis. Ce jour-là, toute la ville parlait et regrettait la petite Nihal que le drame n'a pas épargnée alors qu'elle n'avait que 8 ans. Mais personne ne soupçonnait ce qui allait se décider plus tard à cause d'une erreur d'horaire portée sur son certificat de décès et que les parents, atrocement peinés par la perte de leur enfant, n'ont même pas eu le réflexe de repérer. Pourtant, les services administratifs et hospitaliers ont eu toute latitude pour réparer une si grave injustice. En réaction à la non-reconnaissance du statut de victime du tremblement de terre à la petite Nihal, c'est toute la ville de Lakhdaria qui se sent concernée par un tel dédain. Fortement mobilisées, les associations citoyennes et la société civile, qui avaient ouvertement exprimé leur solidarité avec les parents lésés, ne comptent pas rester les bras croisés. Elles envisagent d'entreprendre des actions revendicatives dans les prochains jours si d'ici là aucune décision n'est prise pour remédier au tort que subit la famille Keddache et par ricochet toute la population lakhdarie. De son côté, et ce depuis qu'il eut connaissance de la désobligeante décision, Mouloud, le père de la victime, n'a eu de cesse de frapper à toutes les portes pour sensibiliser les services et les personnes qui l'ont lésé. Un droit que reconnaît pourtant une loi récemment votée en faveur des victimes de la catastrophe du 21 mai dernier. Contacté par nos soins, Mouloud se dit confiant, voire satisfait des démarches qu'il avait entreprises pour réhabiliter sa défunte fillette. “J'ai dû voir plusieurs services pour les convaincre que ma fille est véritablement une victime du séisme du 21 mai dernier. À présent, je pense que les choses sont en train de se normaliser. Aux dernières nouvelles, l'erreur sur le certificat de décès a été rectifiée et la procédure connaît maintenant un nouveau cours en vue de réhabiliter mon enfant”, affirme le parent de la victime. Celui-ci nous fera savoir, en outre, qu'il ne cédera jamais devant ceux qui n'ont rien fait pour lui rendre justice. “Je suis prêt à toute épreuve pour avoir gain de cause et faire régner la justice. C'est un devoir que je dois à la mémoire de ma petite chérie”, assure le père de la victime. R. S.