La population maghnaouie assiste à l'heure actuelle à un véritable rush dans l'acquisition de ce genre de bâtisses cédées pour une bouchée de pain par leurs propriétaires acculés au danger de l'effondrement. La famille C. vit le calvaire au quotidien dans son appartement sis au 48, rue Emir-Abdelkader, face à la grande mosquée de la ville. La famille en question occupe actuellement une ancienne maison de plus d'un siècle qui menace de s'effondrer à n'importe quel moment. Les propriétaires des lieux n'ont encore trouvé aucun écho favorable à leurs craintes et appréhensions auprès des instances de la ville. Face à cette dangereuse situation, la famille C. lance un appel de détresse au premier responsable de la wilaya afin d'établir un constat visuel de la réalité et de l'imminence du danger qui pèse actuellement sur les occupants des lieux. Nous n'avons pas où aller, déclare la famille C., et si cette situation perdure nous craignons vraiment le pire, alerte celle-ci. Plusieurs cas tout aussi critiques que celui de cette famille nous ont été signalés, notamment dans les environs car il faut savoir que le cœur de la ville recèle encore en son sein de nombreuses masures plus que centenaires convoitées par la mafia locale du foncier pour leur position stratégique et commerciale. La population maghnaouie assiste à l'heure actuelle à un véritable rush dans l'acquisition de ce genre de bâtisses cédées pour une bouchée de pain par leurs propriétaires acculés au danger de l'effondrement. À la place de ces ruines, sont érigées en l'espace de quelques mois de somptueuses demeures de plusieurs étages faisant office d'appartements et de locaux commerciaux, revendues à coup de milliards par leurs nouveaux propriétaires anonymes qui pour certains blanchissent à travers ce nouveau créneau leurs colossales fortunes, révèlent des sources généralement bien informées. Concernant les nombreux cas de détresse similaires à celui de la famille C., le P/APC de la ville est catégorique : “Nous ne sommes pas en mesure de recaser quiconque, cela ne relève pas de nos prérogatives, cette décision appartient à la daïra qui seule est apte à procéder au recasement.” En matière de recensement des bâtis datant de l'ère coloniale de la ville menaçant ruine, notre interlocuteur avoue être incapable d'en situer le nombre pour la bonne raison que le démarrage de cette opération est actuellement toujours entravé au niveau de la direction des Domaines. Celui-ci rapporte cependant que l'ex-P/APC durant son mandat avait été confronté à un cas semblable et que pas moins de douze familles, logeant dans un ex-lieu de tolérance de l'Etat menacé d'inondations, avait effectivement fait l'objet d'un recasement au niveau des bâtiments de la nouvelle cité de O. Bendamou. Poussant alors indépendamment nos investigations en direction de cette dernière citée située à l'extrême périphérie est de la ville, nous remarquons qu'un véritable état de désolation entoure cette cité fantôme. Constituée de plus de 200 logements sociaux achevés depuis maintenant plus de 10 ans, celle-ci est soumise à l'heure actuelle à de nombreuses dégradations causées par le temps et les déprédations des pigeons et des squatteurs d'occasion. Les clés de ces logements n'ont pas été remises à leurs attributaires à ce jour. Plusieurs citoyens mitoyens à la cité abordés sur place, prétendent que la plupart des clés des logements occupés par les recasés de l'ex-APC ont été vendues sous le manteau par leurs occupants qui ont déserté les lieux.