On n'en parlera jamais assez. Le vieux bâti, qui compose la majeure partie du parc immobilier de la capitale, vit actuellement la phase la plus critique de son existence. Au fil des jours, les bâtisses perdent des pans entiers et avec eux une histoire et une mémoire. Dans la commune de Bologhine, notamment dans les quartiers qui font directement face à la mer, des familles vivent quotidiennement dans l'angoisse. Et pour cause, leurs demeures menacent ruine d'une minute à l'autre. C'est précisément le cas des 21 familles logées dans ce qui ressemble à des abris de fortune. La bâtisse qu'elles occupent depuis des décennies, au 12, rue Zendjabil, date de la fin du XIXe siècle. Les minuscules appartements sont, malgré l'entretien périodique des occupants, dans un état de délabrement avancé. Les lézardes et les fissures ne se comptent plus. Pis, le plafond de certaines chambres a fini par céder laissant un trou béant. D'autres sont en sursis de quelques jours puisque les barres de fer sérieusement rongées par la rouille manifestent un signe évident de non-résistance. Une dame logeant au premier niveau nous montre sa chambre où une catastrophe aurait pu faire des victimes au deuxième jour de l'Aïd El Adha. Une partie du plafond est tombée. “Cela s'est passé à 19h. Heureusement pour nous, personne n'était à la maison ce jour-là”, dira-t-elle, en hochant la tête comme pour chasser une mauvaise idée. Dans la chambre du dessus, un énorme trou est obstrué par une armoire et une ancienne machine à coudre qui menacent d'un moment à l'autre de basculer. Une scène qui rappelle de mauvais souvenirs de mai 2003. D'ailleurs, cette construction a subi de gros dégâts lors du séisme. Dans la cour, fils électriques, téléphoniques et autres câbles sont entrelacés faisant penser au pire en cas d'imprévu. Les familles regrettent que les autorités n'aient pas daigné leur apporter le moindre secours. “Nous avons saisi l'APC mais, on nous a rabroués en nous faisant savoir qu'ils ne pouvaient rien faire pour nous. Même pas des madriers de support pour tenir un tant soit peu”, confie une autre dame. Il est vrai que la bâtisse est trop vieille pour être rafistolée, mais laisser ces modestes familles dans pareille situation cela s'appelle de la non-assistance à personnes en danger. Le propriétaire a, devant l'état de sa bâtisse, carrément abandonné son bien. En attendant de trouver une solution durable, il serait peut-être urgent de recaser ces familles dans des chalets. L'effondrement de l'hôtel du square est encore frais dans les mémoires. A. F.