Charles Taylor, redoutable chef rebelle élu président du Liberia à l'issue de sept années d'une guerre civile sanglante, semble finalement résolu à quitter le pouvoir aujourd'hui puis, peut-être, le pays, victime selon lui d'une "conspiration internationale". Charles Taylor, "roi" assiégé de Monrovia, doit tirer sa révérence aujourd'hui à 11h59, et quitter rapidement le Liberia "au bord de l'effondrement". C'est du moins ce qu'il a promis, sous la pression militaire du LURD et politique de ses pairs ouest-africains, fatigués de son régime déstabilisateur qui précipite chez eux des dizaines de milliers de réfugiés. Si tout se déroule comme prévu, une fois le pouvoir officiellement remis à son vice-président Moses Blah, l'ex-président Taylor devrait se rendre au Nigeria. Le président nigérian Olusegun Obasanjo lui a offert l'asile politique, malgré son inculpation pour crimes de guerre et contre l'humanité par un tribunal spécial de Freetown, en raison de son implication dans la guerre civile en Sierra Leone voisine. "Je vais aller au Nigeria, si Dieu veut, et pendant que j'y serai, je compte bien que cette question (l'inculpation) soit réglée", a-t-il déclaré récemment dans une interview à la télévision CNN. Quant à la date de son départ, Taylor, fidèle à lui-même, entretient le flou: "bientôt". "Je peux vous assurer que je ne resterai pas une minute de plus que nécessaire, mais mon départ interviendra plus tôt que tard", a-t-il dit à CNN. Tous redoutent que l'ancien rebelle, réputé depuis l'enfance pour sa ténacité, ne cherche à éviter l'exil par une volte-face dont il a le secret. Afin de parer à toute éventualité, trois chefs d'Etat africains ont annoncé leur venue à Monrovia pour assister à la passation de pouvoir. De leur côté, les rebelles, qui s'attendent à un "coup fourré" de leur ennemi, ont averti qu'ils poursuivraient le combat tant que Charles Taylor sera au Liberia dont ils contrôlent plus des trois-quarts du territoire. Le LURD martèle également qu'il ne se retirera pas des quartiers de Monrovia en sa possession tant que les soldats de la paix de la CEDEAO ne se seront pas déployés dans la zone, en nombre suffisant. La rébellion contrôle notamment le port, vital pour l'acheminement de nourriture et d'aide humanitaire dans la ville coupée de tout depuis trois semaines et où les combats ont fait quelque 250.000 déplacés.