Les anciens officiers de la police et de l'armée ont tenu à rendre un dernier hommage à leur frère d'armes. Des sénateurs, des députés, des diplomates, des hommes du monde du sport et des arts, mais aussi et surtout beaucoup de moudjahidine ont fait partie de la procession. L'Ecole supérieure de police, à Châteauneuf, a vécu, ce vendredi, l'un de ses plus tristes jours. L'exposition de la dépouille du patron de la police, assassiné la veille par l'un de ses collaborateurs, a drainé une foule nombreuse venue lui rendre un dernier hommage. La dépouille mortelle arrive dans la salle de conférences à 10h30, portée par des membres de la famille du défunt sous les cris d'“Allahou Akbar”. Les ministres Zerhouni, Medelci, Abadou et Mihoubi, se tiennent juste derrière. Ils s'éclipseront quelques minutes après. Le seul responsable à rester dans la salle, scotché devant le cercueil, fut El-Hadi Lahbiri, le patron de la Protection civile. Visiblement très atteint par la perte d'un ancien compagnon de lutte, Lahbiri était inconsolable. Il n'était pas le seul dans ce cas. Les frères du défunt, notamment l'aîné, étaient en larmes. Les anciens officiers de police et de l'armée ont tenu à rendre un dernier hommage à leur frère d'armes. Des sénateurs, des députés, des diplomates, des hommes du monde du sport et des arts, mais aussi et surtout beaucoup de moudjahidine ont fait partie de la procession. Derrière les vitres de la salle de conférences, des policières, en larmes, assistaient impuissantes à la procession. Plus tard, certaines prennent leur courage à deux mains, sèchent leurs larmes et passent devant le cercueil en le saluant. Retenant difficilement leurs larmes, elles finiront par éclater à la sortie de la salle. Des officiers supérieurs, des brigadiers, des agents de la Protection civile saluent la dépouille avant de s'éclipser. Dans un coin de la salle, un officier présent au siège de la DGSN au moment du drame raconte l'ambiance qui y régnait. “J'étais à deux pas du bureau du défunt. Les cris des femmes étaient insupportables.” Cet officier, qui avait échappé miraculeusement à l'attentat qui avait ciblé le commissariat central en 1994, n'arrive toujours pas à se remettre de l'assassinat de Ali Tounsi. “Personne ne pensait qu'il allait partir de la sorte. C'est peut-être son destin, mais c'est dur de l'admettre.” Parmi la foule, un ancien artificier, qui a donné toute sa vie pour préserver celle des autres, handicapé et tenant difficilement sur ses béquilles, a insisté à rendre un dernier hommage à son ancien patron. Une façon de rappeler tous les sacrifices consentis par les forces de police dans la lutte contre le terrorisme. Des officiers supérieurs agglutinés dans la cour de l'Ecole supérieure de la police, d'autres s'affairaient à régler le protocole avec leurs collègues du ministère de l'Intérieur. Affectés, touchés par cette cruelle perte, mais restés dignes et surtout vigilants. Des femmes officiers gardaient la tête haute, comme pour donner le courage à leurs collègues, tandis que d'autres étaient collés aux téléphones et aux talkies-walkies pour veiller au grain. C'est que la mort d'un homme, aussi important que celle de leur patron, n'allait pas les abattre, ni les détourner de leur mission essentielle : celle de veiller à la sécurité des citoyens et des biens. Aux alentours de Châteauneuf, des policiers en civil scrutaient le moindre mouvement, le moindre véhicule ou piéton suspects.