«si Israël commet une idiotie et agresse la Syrie, cela sera synonyme d'une agression contre le monde musulman et il recevra une réponse cinglante.» L'agression israélienne contre le Liban est un nouveau pas dans l'escalade militaire qui risque de faire exploser la poudrière du Proche-Orient. En prenant pour cible le Hezbollah qu'elle veut anéantir pour mieux asseoir sa mainmise dans la région, Israël qui n'a jamais caché sa volonté de s'en prendre au régime de Bachar El Assad, s'expose à la réaction de l'axe Damas-Téhéran auquel vient s'ajouter la donne Hezbollah qui s'impose comme une force militaire et politique incontournable dans la région. Le parti de Nasrallah n'est pas seulement un mur de résistance libanais aux tentations expansionnistes d'Israél mais aussi un prolongement aux frontières d'Israël du bouclier de protection des intérêts des deux pays que les Etats-Unis qualifient d'ailleurs d'Axe du mal. Syriens et Iraniens creusent leurs tranchées au Sud Liban face aux pressions régionales et internationales grandissantes. L'Iran est fortement cernée par la diplomatie internationale dans le dossier du nucléaire et la Syrie est mise dans le collimateur de Bush et d'Israël qui voient d'un mauvais oeil son influence sur le front palestinien et son soutien matériel au Hezbollah. Cette situation ne surprend nullement les deux pays qui voyaient la menace grandissante des USA et de l'ennemi sioniste venir depuis longtemps. Le ballet diplomatique soutenu entre les deux capitales qui résistent à la volonté américaine de façonner le Grand Moyen-Orient semble avoir pris en compte cette situation extrême de crise ouverte et de confrontation militaire qui risque de s'étendre au-delà du territoire libanais pour déborder sur le sol syrien. Les deux pays, faut-il le rappeler, sont indirectement concernés par le bourbier irakien dans lequel se débattent les troupes militaires américaines stationnées dans ce pays. Pour revenir à l'axe Damas -Téhéran disons qu'il est traditionnel et bien ancré dans les moeurs politiques de la région. La Syrie a été le seul pays arabe à se mettre du coté iranien lors de sa guerre avec le voisin irakien du temps de Saddam Hussein. Un pacte stratégique lie les deux pays. L'Iran avait exprimé l'année passée son soutien et son assistance à Damas accusé par les USA de favoriser le passage par ses frontières de résistants en Irak Des observateurs avaient même noté un accroissement de l'aide militaire iranienne à la Syrie et au Hezbollah en prévision d'une agression israélienne. Une partie de ce scénario se réalise aujourd'hui avec le bombardement du Sud Liban fief du Hezbollah et ennemi acharné de l'Etat hébreu. Les ministres de la Défense des deux pays ont signé , faut-il le signaler, un mémorandum de coopération militaire dans ce sens. Cette alliance est aujourd'hui mise à l'épreuve. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré, hier, sur un ton de défiance qu'«Israël n'avait pas le pouvoir de s'en prendre à l'Iran», le mettant en garde contre toute attaque contre la Syrie. Les attaques du régime sioniste contre ses voisins, dit-il, notamment le Liban, la Syrie et les menaces proférées contre les autres pays de la région, sont dues au fait que ce régime fantoche ne peut pas vivre dans une situation normale. La veille il n'avait pas hésité à réconforter le président syrien à travers un entretien téléphonique en lui promettant que «si Israël commet une idiotie et agresse la Syrie, cela sera synonyme d'une agression contre le monde musulman et il recevra une réponse cinglante». L'Iran trouve ainsi la parade pour desserrer l'étau dressé autour d'elle par les USA. L'ouverture du conflit israélo-arabe qui concerne actuellement les deux fronts Palestine- Liban relègue au second plan le dossier du nucléaire iranien, au grand dam de l'Occident.